La comédienne et dramaturge Leila Toubel a été victime d’une féroce campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux de la part des partisans zélés de la présidente du PDL. Jusqu’à l’accuser de défendre les obscurantistes. Elle, « l’artiste citoyenne engagée depuis 30 ans pour la liberté et la dignité ».
« Tout sauf Abir Moussi ». Tel semble être le slogan des fans zélés qui défendent becs et ongles la patronne du PDL; quitte à s’attaquer avec virulence à toute personne qui ose ne pas être du même avis que leur idole. Porte ouverte aux excès, pour ne pas dire risque de retour aux dérives de l’ancien régime où toute critique était considérée comme un crime de lèse-majesté et punie au prix fort.
Campagne haineuse
Sinon comment expliquer la campagne haineuse dont a été victime la comédienne Leila Toubel, de la part des partisans de la présidente du PDL? Et contre qui?
L’artiste, la voix libre connue pour ses positions sans concessions contre l’obscurantisme et la pensée réactionnaire. Un exemple de courage et de détermination. Et devinez de quoi on l’accuse? De défendre les obscurantistes. Et quoi encore?
En effet, Leila Toubel avait provoqué l’ire des supporters d’Abir Moussi parce qu’elle avait osé critiquer la présence de la présidente du PDL lors d’une conférence de presse des syndicats des arts.
Pour rappel, des artistes entamaient, vendredi dernier, un sit-in ouvert à la Cité de la Culture à Tunis pour revendiquer la poursuite des activités culturelles et artistiques, actuellement à l’arrêt en raison de la crise sanitaire.
Un engagement de 30 ans
Profondément touchée par ce qu’elle considère comme une « cabale » destinée à la salir pour avoir émis des réserves par rapport à la présence de la patronne du PDL à l’événement artistique, la comédienne et dramaturge, Leila Toubel, a pris à témoin son public en éditant dimanche le post suivant sur son compte officiel
« Je veux prendre à témoin toutes les personnes qui me connaissent et qui connaissent mon engagement en tant qu’artiste citoyenne depuis 30 ans pour la liberté et la dignité. Une cabale est lancée depuis hier parce que j’ai émis une réserve sur la présence d’Abir Moussi dans une conférence de presse des syndicats des arts ».
Et de marteler: « Voici le titre d’un article écrit par une femme – que je ne connais pas d’ailleurs – Je me passe de toute réponse, je veux juste que vous soyez les témoins de comment les fans de l’intouchable essayent de dénigrer l’artiste et la femme que je suis juste parce que j’ai dit ce que je pense. C’est ce que je continuerai à faire couverte ou à moitié nue ».
Un titre pseudo-moraliste
D’évidence, l’actrice en colère fait allusion à un article paru sur un site en place sous le titre: « Leila Toubel défend le diable qui ne la laissera plus monter sur scène en chemise de nuit et à moitié habillée ».
« Je viens de lire votre statut où vous critiquez Abir Moussi présidente du PDL qui soutient les artistes dans leur sit-in. Comment une femme intelligente comme vous se laisse aller à des pensées aussi méprisables ?
Depuis janvier 2011, la vie s’est teintée de laideur en Tunisie, notamment pour vous, les artistes, devenus la cible des islamo-fascistes, qui ont pris le pouvoir.
L’art est « haram » pour eux. Il n’est pas du goût des nouveaux gouvernants islamo-frèristes. Traités de mécréants (koffars), beaucoup d’artistes ont été pourchassés et vous le savez trop bien! »
Et de poursuivre : « Nous nous sommes levés, fort heureusement contre les forces du mal. A présent une lionne, Maître Abir Moussi, est en train de se battre pour chasser les obscurantistes dont le but est de wahabiser le pays où aucun art ne sera possible ou permis et votre travail en premier » .
En conclusion : « La Présidente du PDL a tous les droits de s’inviter à la Conférence de presse pour prêter main-forte au Syndicat des artistes. Car elle soutient leur cause. Elle sait pertinemment ce qu’endurent les artistes. Votre ennemi, vous le connaissez. C’est celui qui ne vous laissera plus monter sur scène en chemise de nuit et à moitié nue ». Ainsi écrivait Esma Hamzaoui, une supportrice de la première heure d’Abir Moussi.
En revanche, a précisé l’auteur de l’article qui a fait polémique, c’est le site Tunisie focus qui a ajouté le titre à la lettre qu’elle a écrite à Leila Toubel.