80% des travailleuses domestiques ne bénéficient pas d’une assurance maladie, contre seulement 20% qui en bénéficient. Affirme une étude menée par l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT). L’étude est intitulée « L’impact de l’apprentissage tout au long de la vie sur les travailleuses domestiques »
L’UNFT a mené l’étude au cours des mois de septembre et octobre 2020. Elle a été menée sur un échantillon de 100 travailleuses domestiques rémunérées (50) et non rémunérées (femmes au foyer) (50), résidant dans la région du Grand- Tunis.
Selon la responsable des études et recherches au sein de l’UNFT, Emna Hamrouni, l’étude vise à promouvoir le secteur des travailleuses domestiques rémunérées, auprès des décideurs. Et ce afin d’améliorer leurs conditions de travail et de sensibiliser à leurs droits, à travers l’organisation de cours de formation ou en promulguant un texte de loi leur garantissant le droit de bénéficier d’une couverture sociale et d’une pension de retraite.
42% des travailleuses domestiques rémunérées proviennent des régions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest.
L’étude révèle que 46% des femmes interrogées ont affirmé que leur décrochage scolaire résultait d’une décision parentale. Tandis que 20% d’entre elles ont abandonné l’école pour des raisons relatives à la pauvreté et à l’absence d’une école à proximité de leurs lieux de résidence. Dans ce même volet, 16% ont quitté l’école par choix. Et 10% ont confirmé qu’elles ont cédé ce droit à leurs frères, et 8% à cause de l’échec scolaire.
Par ailleurs, 58% des travailleuses domestiques ont été poussées par leur père ou leur mari à exercer cette activité. Et 42% l’exercent pour des motivations personnelles. 6% de l’échantillon interrogé ont commencé ce travail avant l’âge de 8 ans .6% entre 15 et 18 ans. 18% entre 19 et 25 ans et 70%, à plus de 26 ans. Parmi les travailleuses domestiques interrogées, 34% ont déclaré avoir des problèmes avec leur employeur. 30% d’entre elles n’avaient pas perçu leur salaire. 28% avaient été victimes de violences verbales. 16% de violences physiques et 14% de harcèlement.
Conditions financières et psychologiques difficiles
L’étude a affirmé que les travailleuses domestiques et les femmes au foyer vivent dans des conditions financières et psychologiques difficiles. Car la société les traite comme étant une catégorie inférieure. L’étude souligne la nécessité de les encadrer. Et ce en leur dispensant des cours de formation diplômante .
En effet, la présidente de l’UNFT, Radhia Jerbi, a, lors d’un colloque national tenu hier mercredi, sur le thème « Femmes éduquées, citoyennes, conscientes et actives », que l’échantillon interrogé lors de cette étude souffre des phénomènes de pauvreté et d’analphabétisme. S’ajoute à cela, leur méconnaissance de l’existence d’un arsenal de lois garantes de leurs droits et de leur protection contre toute forme de violence à leur encontre.
L’UNFT s’indigne
A l’issue de la présentation des résultats de cette étude, Mme Jerbi a déclaré que la situation des travailleuses domestiques rémunérées est considérée « fragile », nécessite d’en découvrir les causes et de faire la lumière sur cette catégorie. Et ce afin de s’attaquer aux ressorts de ce phénomène et de développer des stratégies efficaces qui leur garantissent le droit à un travail décent.
De son côté, la directrice du bureau de la Confédération allemande pour l’éducation des adultes en Tunisie, Esma Jebri, a souligné l’importance de telles études dans la réduction du taux d’analphabétisme et des taux élevés de violence à l’encontre des travailleuses domestiques, ainsi que dans la contribution à leur intégration dans la vie économique et sociale.
Avec TAP