La vague de protestations sociales qui secoue certaines régions, sur fond de revendications pour le développement, l’emploi et de la justice sociale, risque de faire tâche d’huile dans l’ensemble du pays.
La nouvelle gouvernance prônée par le gouvernement Mechichi se basant sur l’expérience d’El Kamour est-elle en mesure d’endiguer le mécontentement populaire et de calmer les protestations sociales ? Par quels moyens ?
Un pays qui ne crée pas de richesses est acculé forcement à partager la pauvreté. Ce constat de bon sens semble s’appliquer parfaitement à notre Tunisie. Pays pour lequel les observateurs sont unanimes à prévoir un hiver social de tous les dangers.
Déjà, en attendant cette date fatidique la contestation gagne plusieurs régions déshéritées, sur fond de revendications pour le développement, l’emploi et la justice sociale. Alors qu’en vérité les autres régions côtières relativement favorisées s’enfoncent petit à petit dans la précarité.
Vague de protestations
Ainsi, une vague de protestations submerge le pays du Sud à la paisible ville de Béjà. Laquelle avait déclenché hier mercredi une grève générale sur toute l’étendue du gouvernorat, la première depuis l’Indépendance. Des manifestations pacifiques, dans le calme et la dignité. Une leçon de civisme.
Pénurie de gaz et de pétrole
Malheureusement ce n’est pas toujours le cas dans d’autres lieux où les manifestants ont eu recours à la méthode forte, incluant la coupure du gaz et du pétrole, pour exprimer leur colère. Ainsi, à titre d’exemple, la vanne de pétrole de Douleb, un champ pétrolier à Kasserine produisant 300 barils jours, est fermée par des demandeurs d’emploi.
Dans un effet de boule de neige, l’autre champ pétrolier de Guebiba 1 dans la région d’El-Hajeb à Kairouan produisant 3.000 barils jour est aussi désormais à l’arrêt.
Gabès n’est pas en reste puisque des protestataires ont décidé la fermeture de la zone industrielle. Celle-ci comprend trois centres de remplissage de bouteilles de gaz domestique destinées à approvisionner les gouvernorats du sud et du centre. Et ce, à la veille d’un hiver qui s’annonce rigoureux.
A noter que la zone industrielle fermée produit 90 mille unités par jour. Soit la moitié de la production nationale quotidienne de bouteilles de gaz domestique est fermée depuis plusieurs jours à cause des manifestations.
Conséquence : les habitants de Sfax, pour ne citer que la dynamique capitale économique du Sud, se trouvent acculés à de longues files d’attente d’automobilistes devant les stations-services. Ainsi que le spectacle désolant des pères de famille qui font l’assaut des entrepôts de distribution de bonbonnes de gaz.
Boîte de Pandore
Que penser de ce mouvement contestataire enflammé par une exaspération populaire face à des promesses par les gouvernements successifs, n’ayant jamais abouti à des résultats palpables sur le terrain ?
Il va sans dire que le fameux accord de Kamour, qui n’a fait qu’apaiser les esprits, a ouvert la boîte de Pandore au régionalisme, une menace réelle qui pèse sur la paix sociale.
Ainsi, le règlement en trompe l’œil de cette crise à Tataouine que le gouvernement a présentée comme un modèle de la nouvelle gouvernance a, à contrario, suscité une vague d’indignation alimentée par la surenchère dans des régions qui s’estiment lésées et exclues, alors qu’elles sont prioritaires en termes de développement.
Comme quoi « les bonnes intentions sont parfois perverses ». Dixit Jane Smiley.