Israël ne semble pas perdre l’espoir de voir la tension américano-iranienne se transformer en guerre. Trump et Netanyahu travaillent chacun de son côté pour y arriver avant la date du 20 janvier. Date à laquelle l’actuel locataire de la Maison blanche quittera les lieux de gré ou de force.
Il y a quelques jours, dans un accès de démangeaisons anti-iraniennes, Trump s’est réuni avec ses principaux conseillers et leur demanda de lui proposer un stratagème permettant de bombarder les sites nucléaires iraniens. Tous, y compris Pompeo, lui ont conseillé de ne rien faire. En 2018, Netanyahu avait nommément cité Mohsen Fakhrizadeh comme étant sur la liste des personnes visées par Israël.
Les démangeaisons anti-iraniennes de Netanyahu sont permanentes. N’ayant pas les moyens d’entrer tout seul en guerre contre l’Iran, il a eu recours aux méthodes triviales de la provocation. L’idée étant d’amener une réaction iranienne contre Israël, ce qui entraînerait automatiquement une intervention américaine.
Les incessantes incursions de l’aviation israélienne contre « la présence iranienne » en Syrie, ne visent pas autre chose. Mais le temps presse et le 20 janvier approche. Netanyahu panique de voir le prochain président adopter envers l’Iran la politique de son ami Obama. Il désespère de voir son rêve de guerre américano-iranienne s’évaporer. Que peut-il faire dans ces conditions sinon intensifier la provocation contre l’Iran ?
Et de fait, le vendredi 27 novembre, le principal scientifique nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, est assassiné dans la ville d’Absard, pas loin de Téhéran. Dans un premier temps, les assassins ont fait exploser un camion piégé à proximité de la voiture de la victime. Ensuite des hommes armés ont criblé de balles le responsable du programme nucléaire iranien.
L’ultime espoir de Netanyahu
Ce n’est pas sans preuves que les Iraniens ont aussitôt pointé un doigt accusateur vers Israël. Et ce n’est pas la première fois qu’un scientifique nucléaire est assassiné en Iran. Après que Netanyahou a visé Mohsen Fakhrizadeh, il a réussi à l’abattre.
Le moment choisi pour perpétrer le crime est important. Il reflète l’ultime espoir auquel s’accroche Netanyahu de voir une réaction iranienne qui déclencherait une intervention américaine dans le peu de temps qui reste avant que son ami ne quitte la Maison blanche.
Une réaction violente de la part de l’Iran contre les commanditaires de l’assassinat aurait été un pain béni pour Netanyahu. Car une guerre américaine contre l’Iran réaliserait le rêve que poursuivait inlassablement le Premier ministre israélien depuis longtemps. Elle lui éviterait aussi et surtout le cauchemar de voir Joseph Biden suivre les conseils de son ami Obama. C’est-à-dire adopter vis-à-vis de l’Iran une politique qui soit aux antipodes de celle suivie par Donald Trump.
Conscientes des manœuvres provocatrices de Netanyahu, les autorités iraniennes ont opté pour l’apaisement. Le porte-parole du gouvernement iranien Ali Rabei a réagi dimanche 30 novembre en ces termes : « Les politiques scientifiques et de défense de l’Iran ne changeront pas à cause de l’assassinat d’un homme de science ou d’un général. L’Iran ne tombera pas dans le piège consistant à lier l’assassinat aux négociations nucléaires passées.»
De son côté, le président Hassan Rouhani a réagi de manière similaire : « Notre peuple est plus sage que de tomber dans le piège sioniste. L’Iran répondra sûrement à l’assassinat de notre homme de science au moment opportun », a-t-il déclaré.
Extrême embarras à Téhéran
Ces réactions officielles apaisantes cachent mal l’extrême embarras dans lequel se trouvent les autorités iraniennes. En fait, l’embarras est double.
Tout d’abord, aussi bien en Iran qu’à l’étranger, la principale question que l’on se pose est pourquoi les services de sécurité iraniens échouent-ils à protéger le principal responsable de leur programme nucléaire ? Une question d’autant plus embarrassante que Netanyahu a publiquement mis Mohsen Fakhrizadeh sur la liste des personnes à éliminer. Une question d’autant plus embarrassante aussi que, depuis 2010, six scientifiques nucléaires iraniens ont déjà été assassinés avant Fakhrizadeh.
Ensuite, aussi bien en Iran qu’à l’étranger, on commence à prendre de moins en moins au sérieux les réactions des autorités iraniennes qui, après chaque attaque, promettent de répondre à l’agresseur « au moment opportun ». On entend cela après chaque attaque israélienne contre des positions iraniennes en Syrie et on a entendu cela après l’assassinat du général Qacem Souleimani. On a entendu cela aussi après l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh le 27 novembre dernier.
En fait, les autorités iraniennes n’ont aucun autre choix. Elles se trouvent entre deux feux. Elles ne peuvent pas réagir contre les provocations de Netanyahu et de Trump sans être entrainées dans une guerre qui pourrait être dévastatrice et menacerait la pérennité de leur régime. Les autorités iraniennes ne peuvent pas non plus proférer indéfiniment des menaces creuses sans perdre leur crédibilité à l’étranger et auprès de leur peuple.
Plus qu’aucun autre dans le monde, le gouvernement iranien attend avec grande impatience l’entrée en fonction de Joseph Biden, tout en nourrissant l’espoir de le voir prendre le contre-pied de son prédécesseur.