Saifeddine Makhlouf a été accusé d’avoir retiré le nom d’un salafiste de la liste des fichés S 17 en contrepartie d’une somme d’argent. Une allégation relayée par le député Salem Labyadh, lequel a demandé l’ouverture d’une enquête pour démêler le vrai du faux.
C’est Hatem Boulabiar, l’ancien candidat malheureux au premier tour de la présidentielle de 2019 et ancien membre du Conseil de la Choura qui a lancé cette « bombe médiatique ». Et c’est le député du bloc démocrate, Salem Labiadh, qui l’a dégoupillée au sein même de l’hémicycle.
Graves accusations
En effet, lors de son intervention dimanche 29 novembre sur les ondes de Radio Med, dans l’émission « Dimanche Presse », animée par Lotfi Laamari, Hatem Boulabiar a déclaré avoir rencontré un salafiste qui affirme que le porte-parole d’Al Karama, Seifeddine Makhlouf, avocat de son état, est parvenu à retirer le nom d’un salafiste de la liste des fichés S 17 en contrepartie de 17.000 dinars.
« C’était prémédité de la part du président du groupe Al Karama. Pour transmettre un message à ces fichés qu’il est capable de les soustraire de la liste moyennant argent ». A-t-il ajouté.
Mais un cinglant démenti du député d’Al Karama, publié dans un post hier lundi, a traité Boulabriar de « menteur ». Et d’autres insultes que la décence nous empêche de répéter.
Or cette « bombe » n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Car, prenant la parole, hier lundi, lors de la session plénière consacrée à l’examen du projet de Loi des Finances 2021, Salem Labyadh s’est adressé au ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine pour exiger d’ouvrir une enquête sur cette affaire
« Même s’il s’agissait d’une simple rumeur, un député, avocat de son état, aurait profité de sa position de parlementaire pour soutirer de l’argent à une personne interdite de voyage (S 17) est une honte. Cela mérite l’ouverture d’une enquête. En raison des situations de conflit d’intérêts dans lesquelles l’implication de certains députés est avérée ». Soulignait l’élu du Mouvement Achaab sans toutefois les nommer.
Quid de la procédure S 17 ?
Rappelons que la procédure S17 implique un contrôle frontalier spécifique à l’aéroport à la sortie du territoire tunisien. Comme à l’entrée afin de contrôler les mouvements et déplacements des individus revenus des zones de conflits.
Mise en place en 2013. Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. Cette mesure vise à empêcher des individus affiliés à des groupes djihadistes de rejoindre des groupes armés à l’étranger. Et à contrôler les déplacements des personnes revenues de zones de conflit.
Un fâcheux précédent
Faudra-t-il rappeler également que Seif Eddine Makhlouf, « l’avocat des terroristes », n’est pas à ses premiers déboires avec les fichés S 17.
Déjà, le 10 juillet dernier, une altercation entre les députés d’Al-Karama conduits par Seifeddine Makhlouf et la sécurité présidentielle, chargée d’assurer la protection du parlement, a éclaté à cause d’un invité de ladite coalition fiché S17 que M. Makhlouf cherchait à faire entrer de force.
Quand il s’était vu filmé, le « respectable » député est devenu hystérique. Il a commencé à crier que l’individu en question a été empêché d’entrer parce qu’il était fiché « S17 » alors qu’il ne fait l’objet d’aucune affaire en justice. Et que personne n’a le droit de l’en empêcher.
Une affaire explosive à suivre.