A l’instar des autres pays, la Tunisie essaie de survivre à la crise économique amplifiée par la crise pandémique suite au Coronavirus. Dans ce cadre, l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) vient de soumettre une initiative de relance du dialogue national au Président de la République Kaïs Saïed.
Hier soir, durant l’émission « Tounes El Yaoum », le secrétaire général adjoint de l’UGTT présentait cette initiative. En effet, Samir Cheffi évoquait la crise de confiance entre les Tunisiens et leur gouvernement. Il affirme que la bataille actuelle est à l’œuvre; et ce, entre des forces progressistes et d’autres qui se croient encore au Moyen-Age. « Des forces qui luttent pour un monde meilleur reposant sur la cohésion sociale et un État social-démocrate veillant au bien-être de tous et toutes. Face à des forces motivées par la haine, le désir de vengeance et le populisme », a t-il ajouté.
Une crise socioéconomique mais aussi politique
A ce sujet, Samir Cheffi affirme que la situation est critique. D’ailleurs, il déclare que les chiffres ne font que le confirmer. Ainsi, Samir Cheffi exprime son inquiétude quant à la hausse du nombre de chômeurs. Lequel atteint un million sur le plan national. Sachant qu’il dépasse les 30% dans certaines régions. Et que le taux d’endettement extérieur a dépassé les 100% du PIB tunisien. Alors, M. Cheffi estime que l’ensemble de ces éléments ne peut qu’accroître la pauvreté et atrophier le pouvoir d’achat des démunis et de la classe moyenne. Il a dénoncé la prépondérance de lobbys et bandes dans certains secteurs.
Pour ce qui est de la situation politique, le secrétaire général adjoint de l’UGTT critique la crise éthique qui touche le paysage politique. « Un paysage qui n’est pas digne de la révolution tunisienne ». Il a aussi mis en évidence le nombre considérable d’abandons scolaires. Puisque « plus de 100 mille élèves renoncent à l’enseignement. Ils se jettent dans l’inconnu, la terreur, les bateaux de la mort, le désespoir…L’unité nationale se trouve menacée par le grand nombre de manifestations et mouvements sociaux résultant des difficultés que certains secteurs subissent et la défaillance du droit au travail, au développement et à la dignité ».
A bras ouverts
Par conséquent, Samir Cheffi invite l’ensemble des composantes du paysage politique à réfléchir. Afin d’apporter une nouvelle approche aux questions qui ne cessent d’être soulevées.
En outre, l’invité de Mariem Belkadhi affirme que l’UGTT est à l’écoute de toutes les propositions. Et que les bras restent ouverts à toute initiative patriotique et aux forces œuvrant pour l’intérêt général.
Ainsi, le dialogue national se déroulera entre les Tunisiens. Pour une approche qui permette de s’extirper d’une réalité inquiétante et effrayante.
UGTT, force de proposition
Concrètement, l’initiative de dialogue national proposée par l’UGTT comporte plusieurs propositions, dont notamment: la mise en place d’une instance de sages; l’audit des finances publiques et des entreprises étatiques; l’amélioration du salaire minimum; la garantie d’emplois dignes; et le refus des formes d’emploi précaire et des mesures palliatives.
« Ces mesures ont été proposées par le gouvernement et non par l’UGTT. Et notre organisation a seulement le rôle de médiateur et est garant des engagements », précisait-il.
La seule possibilité c’est Carthage
En ce qui concerne le dialogue national, Samir Cheffi a expliqué que l’UGTT estime que le Président de la République est la seule autorité compétente pour diriger et orienter les échanges. Il a rappelé que la présidence de la République est éthiquement, politiquement et constitutionnellement l’autorité la plus compétente pour modérer les débats et veiller au respect de la Constitution et à la protection du peuple. De même, il a assuré qu’il s’agissait de l’unique moyen de préserver l’unité nationale et la stabilité politique.
Enfin, il indiquait qu’il est impossible de recourir au même procédé choisi auparavant. Selon lui, en 2013, les instances en place étaient temporaires et rattachées à une situation transitoire. Or, nous sommes dans une phase de stabilité institutionnelle et de continuité. « Déléguer la conduite des débats à des structures non étatiques pourrait causer l’attrition de l’Etat et la dégradation de ses institutions », conclut-il.