Après son hospitalisation en Allemagne à cause du Covid, le Président Algérien Abdelmajid Tebboune devra rentrer au bercail « dans les prochains jours ». Mais en l’absence d’une communication présidentielle crédible, l’incertitude sur son état de santé demeure.
Enfin une bonne nouvelle après plus d’un mois d’incertitude. Et d’attente mêlée d’angoisse : le chef de l’Etat algérien Abdelmadjid Tebboune « devrait revenir au pays dans les prochains jours. Pour poursuivre ce qui reste de sa convalescence. Après avoir quitté le CHU de Cologne où il se faisait soigner du Covid-19 ». A indiqué un communiqué de la présidence, sans plus de détails.
« Le Président de la République rassure le peuple algérien sur son état de santé. Et assure qu’il est en voie de guérison. Et qu’il va revenir au pays dans les prochains jours », ajoute ce communiqué lapidaire qui se veut rassurant mais qui ne précise pas la date du retour. Alimentant ainsi un sentiment de malaise quant à l’état de santé du président algérien.
Culture de l’opacité
Et pour cause. Culture de l’opacité oblige, le chef de l’Etat, 75 ans, avait été admis le 28 octobre dans « l’un des plus grands établissements spécialisés d’Allemagne ». Sans préciser qu’il s’agit du CHU de Cologne.
Nous savons également que le Président « s’est mis volontairement à l’isolement » dès le 24 octobre. Après avoir été contaminé par la Covid. Puis placé « dans une unité de soins spécialisés » de l’hôpital militaire d’Ain Naâdja à Alger. Mais « son état de santé n’inspire aucune inquiétude », révélait la présidence algérienne. Ces informations au compte-gouttes ne sont pas pour rassurer. Sachant que M. Tebboune, un gros fumeur, souffre d’une crise respiratoire à cause de laquelle il est maintenu sous respiration artificielle.
L’ombre de Bouteflika
Et c’est tout à fait normal que cette communication parcellaire à la soviétique rappelle étrangement le souvenir amer d’Abdelaziz Bouteflika. Hospitalisé à l’étranger, précisément en Allemagne, après son grave accident vasculaire cérébral en 2013.
Pour rappel, pendant sa longue absence, son frère cadet Saïd Bouteflika dirigea le pays à partir des chambres noires du palais présidentiel. Tentant d’imposer un 5e mandat d’un président se déplaçant difficilement en chaise roulante. Mais en vain, puisqu’il fut contraint de démissionner en février 2019 sous la double pression de l’armée et de la rue algérienne.
Et cette même communication opaque à l’extrême, doublée d’absence d’images du président souffrant de la Covid, a fait que certaines voix aient réclamé le recours à l’article 102 de la Loi fondamentale. Relatif à la vacance du pouvoir, afin d’éviter une grave crise constitutionnelle.
Référendum et crise sanitaire
S’ajoute à l’éventualité d’une vacance de pouvoir, l’organisation du référendum. Prévu à l’origine le 1er novembre dernier sur l’adoption de la Nouvelle Constitution.
Or, le contexte politique et sanitaire ne facilite guère l’organisation d’un tel référendum populaire à cause de la crise sanitaire.
En effet, les centres de vote qui devront accueillir les électeurs algériens pourront devenir facilement des foyers de contamination pour des millions d’électeurs qui devront se présenter aux urnes. De facto, l’organisation de ce referendum sera renvoyée aux calendes grecques, en attendant des jours meilleurs.