La Chine a raison d’être agacée. Le pays et ses dirigeants sont souvent pointés du doigt par les bureaucrates du département d’Etat américain. La raison? La sempiternelle question des droits de l’Homme dans l’Empire du Milieu.
Pour les Etats-Unis, il est bien évident qu’une Chine pauvre et sous-développée, mais obéissant aux ordres de Washington, est mille fois mieux qu’une Chine qui occupe déjà la première place mondiale dans plusieurs secteurs.
Il n’est donc pas étonnant que l’establishment américain se rappelle toujours avec amertume des événements de Tian An Men qui ont pris fin le 4 juin 1989. L’armée ayant ce jour là sifflé la fin de la récréation. Evidemment, les bureaucrates du département d’Etat jurent leurs grands dieux que s’ils épinglent régulièrement Pékin, c’est par attachement aux droits de l’Homme. Par souci du bien-être et des droits fondamentaux du milliard et demi de Chinois. Par désir de voir la « dictature chinoise » remplacée par la démocratie.
Imaginons un instant que le 4 juin 1989, les manifestants de Tien An Men aient réussi à renverser « la dictature chinoise ». Dans quel état serait la Chine aujourd’hui? Il est hautement improbable qu’elle soit trente plus tard en train de s’imposer comme la plus grande superpuissance du monde; déclassant même les Etats-Unis dans plusieurs domaines.
Car, si la Chine est arrivée à accomplir un vrai miracle économique en si peu de temps, c’est parce qu’elle était dotée d’une classe politique compétente. Laquelle prenait les décisions appropriées au moment où il le fallait. Une administration efficace qui les appliquait scrupuleusement. Une population imprégnée par la culture du travail. Et aussi la générosité dans l’effort et l’esprit de sacrifice pour l’intérêt de la Chine.
En trente ans, grâce à la victoire de « la dictature » le 4 juin 1989, la Chine a été mise sur les rails. Menant à un développement fulgurant qui ne cesse de susciter étonnement et respect.
Un exemple à ne pas suivre
En dix ans, grâce à la victoire de « la démocratie » le 14 janvier 2011, la Tunisie a pris les chemins tortueux. Ils lui ont fait perdre tous ses acquis patiemment et laborieusement accumulés soixante ans durant. Pays émergent dans les décennies 1990 et 2000; la Tunisie s’enfonce depuis 2011, chaque année un peu plus, dans la pauvreté et le sous-développement. Nos exemples ne sont plus la Corée du sud et Singapour, mais la Somalie et l’Afghanistan.
Alors, la vérité est que la fureur de l’Amérique vis-à-vis de la Chine, n’a pas pour cause les droits de l’Homme bafoués par « la dictature ». Mais la perspective imminente de se voir dépossédée de son statut de première puissance de la planète par le dragon chinois.
La vérité est que l’amertume américaine n’a pas pour cause l’absence de démocratie en Chine. Mais que celle-ci n’est pas tombée en 1989 dans le piège de Tien An Men. Se serait-il refermé sur elle, la Chine aurait pris les chemins tortueux menant tout droit vers plus de sous-développement, de misère et de famine.
Car, toutes proportions gardées et avec le désastreux exemple tunisien en vue, quelle décision pouvait être prise et appliquée en Chine? Avec des millions groupes, d’instances, de partis et autres comités débattant furieusement sur l’opportunité de tel grand projet; ou du coût financier et social de tel autre?
Arrogance, duplicité et hypocrisie
Ainsi, la Chine a eu la chance d’éviter le piège de Tien An Men. Et de se mettre aussitôt au travail avec les résultats miraculeux que l’on sait. Mais cela ne l’empêche pas d’exprimer de temps à autre son agacement. Face à l’hypocrisie américaine en matière de démocratie et de droits de l’Homme.
Irritée par les incessantes critiques américaines sur « les violations des droits des musulmans ouigours », la Chine a réagi il y a quelques jours, d’une manière aussi calme que raisonnable. En effet, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, affirmait que « les guerres menées au Moyen-Orient ces dernières années ont fait des millions de victimes et de déplacés; sans parler des troubles dans la région. S’il y a un pays qui viole les droits humains des musulmans, c’est précisément les Etats-Unis ».
D’ailleurs, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères pourrait citer bien d’autres exemples. Et ce, de violation des droits de l’Homme et des peuples par le régime états-unien en Amérique et dans le monde.
Ainsi, les Chinois ont bien raison d’être agacés par l’arrogance, la duplicité et l’hypocrisie américaines. Un agacement d’autant plus justifié que les critiques qui les visent viennent d’un régime obsédé par la violence et la guerre. Un régime constamment à la recherche de pays à déstabiliser; de gouvernements à renverser et de richesses à piller.