Le Match Ezzeddine Saidane / Karim Ben Kahla aura tenu toutes ses promesses. Les deux protagonistes n’ont pas dérogé à leur réputation. Ils étaient au sommet de leur art. Et évoluaient avec une extraordinaire aisance sur des sujets d’une brûlante actualité.
Pour autant, le match a pris souvent l’allure d’un véritable duel dont on ne s’en lasse jamais. Un face-à-face sans concession mais d’une rare et élégance. Un match plein et un engagement total. Un échange d’idées, de points de vue, de vision le plus souvent partagés. Un échange vif mais convenu entre deux intellectuels au plus près des problématiques macroéconomiques et des préoccupations des acteurs financiers et sociaux. On sait à quel point leurs analyses font autorité.
ES versus KBK ? Pas tant que cela même si la nuance tourne souvent à la franche divergence. Il n’empêche. Tous deux s’accordent sur l’essentiel. Le pays est à un moment très grave de son histoire mais l’espoir est permis. Le pays a malgré tout de la ressource pour rebondir.
Nous les avions conviés pour débattre des questions dont dépend l’issue du processus de transition, qui agitent le microcosme politique et préoccupent au plus haut point les Tunisiens. Et d’abord la relation Gouvernement-BCT qui a ressurgi à l’occasion de la présentation de la Loi de finances rectificative. Le gouvernement, et c’est dans sa nature, n’a d’autre choix dans l’immédiat, quand toutes les issues sont obstruées que de solliciter le concours de la BCT, pour financer son déficit budgétaire. Légitime ou non, fondé ou non, son instinct de survie le propulse chez le prêteur en dernier ressort. Sauf que la BCT a sa propre vision des choses. Elle est comptable de la stabilité des prix et de la valeur du dinar. Et le fait savoir. Céder revient à capituler ce qui n’est pas dans ses gènes. Sur cette question, les avis sont très contrastées voire profondément divergentes.
Deuxième temps fort : le dialogue national prôné par l’UGTT. Une panacée pour sortir de la crise ? Pas si simple. Un dialogue pour freiner la descente aux enfers et sortir de la zone de turbulence ? Oui mais à quelles conditions ? D’autres alternatives sont-elles possibles et préférables ? C’est ce que nous dirons nos deux invités avec force arguments et détails.
La gestion de la crise sociale a été également au cœur du débat. Les dérapages et dérives inquiètent et font peur. Le pays tout entier est devenu le théâtre de contestations qui vont crescendo. Aurait-il fallu développer une bien meilleure pédagogie et une véritable ingénierie de négociations sociales. Sur cette question les deux duellistes ont des idées, analyses et avis moins bien tranchées que sur le reste. Ecoutons-les.
(L’Économiste Maghrébin N°808 du 09 au 23 Décembre 2020)