Les fonds qui auraient été illicitement transférés à l’étranger atteignent 4,1 milliards de dollars. Soit 11,4 milliards de dinars depuis 2015. A fait savoir, mercredi, Abdeljelil Bedoui, professeur d’économie et président fondateur du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux.
Les transferts illégaux de fonds vers l’étranger étaient de l’ordre de 1,6 milliard de dollars. Soit 4,4 milliards de dinars. Et ce avant la révolution. Ajoute Abdeljelil Bedoui lors d’une conférence de presse tenue à Tunis et consacrée à l’examen de la situation socio-économique du pays.
Les fonds en devises illicitement transférés à l’étranger auraient été suffisants pour financer le développement et satisfaire les revendications du peuple en termes d’emplois. Estime-t-il.
Bedoui a fortement critiqué le modèle actuel de développement. Pour lui, il s’agit d’un modèle a fait preuve d’inefficacité. Il a , également, montré ses limites depuis plus d’une décennie. Ce modèle est « en totale contradiction avec les acquis constitutionnels garantis par la Constitution de 2014 ».
Il a, par ailleurs, considéré que la mise en œuvre de ces acquis, requiert :
-Un minimum de solidarité nationale;
-Un rôle plus renforcé de l’Etat en tant que garant des différents droits;
-Une meilleure redistribution des richesses et des revenus;
-et un intérêt plus marqué pour les questions sociales ( santé, éducation…).
Il a également mis en garde contre une présence plus accentuée du secteur parallèle en l’absence d’un véritable modèle de développement, mais aussi contre le risque d’une désintégration de l’Etat et, partant, de la société à défaut de respecter les droits économiques et sociaux, estimant que les indicateurs actuels laissent présager un scénario catastrophique.
Quand la cacophonie politique favorise l’émergence de la contrebande et d’organismes parallèles
Bedoui a, en outre, fait remarquer que la période de transition démocratique aurait dû connaître la mise en place d’un Etat de droit et des institutions, regrettant le fait que rien de cela n’a été fait.
« Au contraire, la détérioration des indicateurs à tous les niveaux et la cacophonie politique favorisent l’émergence de contrebandiers et d’organismes parallèles – en allusion au phénomène des coordinations qui prend de l’ampleur dans le pays – ayant pris la place des partis et des organisations nationales », a-t-il conclu.
Avec TAP