Le président Abelmadjid Tebboune est apparu enfin à la télévision algérienne après une longue absence due à sa contamination par le virus du Covid. Pourtant, l’Algérie se trouve confrontée à un enjeu de taille. A savoir: la normalisation des relations entre Rabat et Israël; en échange de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
La nature a horreur du vide. Alors, nos voisins algériens, toutes tendances politiques confondues, ont du pousser hier dimanche 13 décembre 2020, un grand ouf de soulagement. Car, après une absence prolongée ayant alimenté rumeurs, fake news et moult incertitudes, Abelmadjid Tebboune apparaissait enfin à la télévision algérienne. Et le Président de l’Algérie s’adressait à ses compatriotes, en ces termes: « Je suis en convalescence. Cela va prendre encore deux ou trois semaines pour que je reprenne mes forces physiques. » Le président algérien de 75 ans semblait visiblement fatigué après son hospitalisation en Allemagne, pour être soigné de la Covid-19.
En effet, ayant été en contact au palais présidentiel avec des personnes contaminées par le virus, le Président, gros fumeur, s’est mis dès le 24 octobre dernier à l’isolement volontaire. Avant d’être admis quatre jours plus tard dans un établissement spécialisé en Allemagne.
Mystère. On ignore jusqu’à ce jour le nom de cette clinique et dans quelle ville allemande elle se trouve!
Gros chantiers
Pour rappel, la chape de plomb médiatique qui pesait sur cette longue absence rappelle à bien des égards la terrible fin du règne de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, dirigeant le pays à l’ombre de son bunker présidentiel et à partir d’une chaise roulante. Elle a donc incité certaines voix à réclamer le recours à l’article 102 de la Constitution algérienne, relatif à la vacance du pouvoir.
Pourtant, tout en étant affaibli par la maladie et toujours en convalescence, Abelmadjid Tebboune devra en priorité: promulguer la Loi électorale; signer la loi de finances 2021; et faire face à une récession de 5,2 % en 2020; ainsi qu’un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région.
Séisme géostratégique
Mais, le plus préoccupant pour le régime algérien, c’est le tremblement de terre qui secoue la donne politique dans la région.
En effet, la nouvelle est arrivée à la surprise générale, et alors que personne ne s’y attendait. En quelques tweets dont il a le secret, le président américain Donald Trump décidait à quelques semaines de son départ de la Maison Blanche, de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Et ce, en contrepartie de la normalisation des relations entre Israël et le Royaume chérifien.
« Décision sans effet juridique »
« Il y a des manœuvres étrangères qui visent à déstabiliser l’Algérie. Il y a maintenant une volonté de l’entité sioniste de se rapprocher de nos frontières ». C’est ainsi que réagissait le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, à la décision américaine.
Pour sa part, le ministère algérien des Affaires étrangères déclarait que « le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation. Elle ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international ». Tout en réaffirmant samedi, dans un communiqué, que la décision américaine était « sans effet juridique ».
« L’ennemi s’approche de l’Algérie »
D’ailleurs, le site francophone Algérie patriotique résumait l’inquiétude croissante de l’Algérie quant à « l’officialisation du couple Maroc-Israël ». Il considère que « l’ennemi s’approche de l’Algérie. Israël s’est donc définitivement implanté au Maghreb. Et rien ne dit que la Mauritanie n’emboîtera pas le pas au Maroc, dans les semaines ou les mois à venir ».
Et de poursuivre: « L’Algérie se verra ainsi coincée entre un voisin à l’ouest. Il offre à Tel-Aviv l’opportunité d’officialiser sa présence en Afrique du Nord et de s’y enraciner. Une Libye morcelée et en proie aux convoitises de puissances étrangères qui se livrent une guerre par procuration. Et un Sahel pris en étau entre les groupes terroristes et l’armée française ». Ainsi écrit le média algérien.
Il y a lieu de se préoccuper pour moins que cela.