La ministre de la femme, de la famille et des séniors, Imen Zahouani Houimel, a annoncé, lundi à Tunis, le lancement officiel de la plateforme nationale « 50 millions de Femmes Africaines ont la parole » (www.womenconnect.org), initiée lors du Sommet mondial sur le Genre organisé en 2019 dans la capitale rwandaise.
« Depuis lors, 14 pays ont déjà lancé leurs plateformes nationales ». A-t-elle souligné. Elle indique que cette plateforme baptisée Femmes Africaines est dédié aux femmes entrepreneures d’Afrique. Lors de la cérémonie de lancement de la plateforme, organisée à Tunis, Imen Zahouani Houimel a annoncé qu’une campagne médiatique sera lancée. Et ce à partir du mois de janvier 2021. L’objectif étant de faire connaitre et promouvoir cette plateforme auprès d’un grand nombre d’utilisateurs.
Réalisée à travers un don de 12,4 millions de dollars accordé par la Banque Africaine de Développement, la plateforme intervient avec la fin de la première Décennie des femmes africaines 2010-2020 et le lancement d’une nouvelle Décennie (20-30) comme Décennie pour l’inclusion financière et économique des femmes ce qui atteste de la détermination du continent africain à intensifier les efforts à renforcer l’égalité de chances entre les sexes et à promouvoir l’autonomisation économique des femmes, a-t-elle ajouté.
Elle a, en outre, précisé que cette initiative s’inscrit dans l’esprit du Protocole additif à la Charte africaine relatif aux droits de la femme en Afrique (le Protocole de Maputo) qui spécifie les obligations des Etats africains relatives à la promotion et la protection des droits fondamentaux des femmes et des filles.
La Tunisie dispose déjà de son plan national
« En Tunisie, nous œuvrerons à ce que notre plateforme puisse contribuer à la mise en œuvre des axes stratégiques de l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour l’autonomisation des femmes et des jeunes, l’agenda des objectifs de développement durable 2030 ainsi que les priorités tracés par notre gouvernement, notamment en matière d’autonomisation », a indiqué Imen Houimel Zahouani.
Elle a rappelé que la Tunisie s’est dotée d’un plan national pour l’autonomisation des femmes. Ce plan couvre un ensemble de projets et d’initiatives visant la promotion de l’entrepreneuriat féminin et l’impulsion d’une croissance économique inclusive et durable.
Parmi ces projets, le programme Raïda, lancé en 2016 pour le développement de l’entrepreneuriat féminin et qui a généré plus de 4500 projets dans l’ensemble du pays.
Selon la ministre, cet événement intervient dans un cadre exceptionnel de lutte contre une crise sans précédent causée par la pandémie de la COVID-19 qui risquerait d’entraver les progrès déjà fragiles réalisés dans la promotion de l’égalité des sexes et des droits des femmes.
« En Afrique comme un peu partout dans le monde, les femmes entrepreneures sont les plus sensibles aux effets du COVID-19 et demeurent confrontées à des obstacles liés notamment à l’accès limité aux sources de financement et aux marchés, à l’information et aux opportunités de réseautage outre les disparités dans la culture entrepreneuriale et les barrières juridiques et socioculturels, compromettant leurs activités économiques », a-t-elle signalé.
Tant de défis pour les femmes africaines
La ministre a estimé que les défis que pose le 21e siècle exigent impérativement un nouveau style de leadership. Pour lui, les défis en question sont :
-Changements climatiques;
-Epuisement des ressources planétaires;
-Vieillissement de la population;
-Iniquités sociales;
-Télétravail;
-Nouvelles technologies.
« Nous devons préconiser un modèle où l’intelligence et les talents respectifs de tous et de toutes seront mis à profit dans la recherche de solutions à ces défis multidimensionnels ». A-t-elle soutenu
La situation des femmes en Tunisie est particulière. Indique Mohamed El Azizi, directeur général du bureau régional de la banque africaine de développement (BAD).
« Les femmes sont désormais plus nombreuses que les hommes dans l’enseignement supérieur. Le paradoxe est que les femmes restent minoritaires à entreprendre. Et restent marquées par un taux de chômage particulièrement élevé de l’ordre de 22% ». A-t-il expliqué. Notant que les femmes chefs d’entreprises en Afrique représentent 35% alors que ce taux n’est que de 20% en Tunisie.
Il est prioritaire d’encourager les femmes talentueuses tunisiennes
« Il y a là un champ d’intervention prioritaire : encourager ces femmes tunisiennes talentueuses à se lancer dans l’entreprenariat, à innover, à prendre des risques et à affirmer leur contribution certaine à la richesse du pays ». A-t-il signalé. Selon lui, l’objectif de la plateforme est de contribuer à l’autonomisation économique des femmes. Et à travers la garantie de l’accès à l’information sur les services financiers et non financiers et la facilitation de la création et de la gestion des entreprises.
Intervenant en ligne, Mohamed Bousaid, ministre du Commerce et du développement des exportations a souligné que la plateforme « 50 millions de femmes africaines ont la parole » est un projet réalisé dans le cadre d’un partenariat entre la BAD et trois communautés économiques régionales à savoir, le COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « Ce projet concerne 38 pays faisant partie de ces trois groupements et s’inscrit dans le cadre global des objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD 2030) et particulièrement l’objectif n°5 ». A-t-il signalé.
Pourquoi le COMESA est-t-il si important ?
En effet, le ministre a indiqué que le COMESA est considéré comme l’un des plus grands groupements économiques régionaux d’Afrique. Et ce compte tenu de l’importance de :
-Sa population qui avoisine les 600 millions d’habitants;
-Sa couverture géographique regroupant 21 pays;
-Et de son produit intérieur brut qui dépasse les 800 milliards de dollars.
A noter que la plateforme, qui vise 50 millions de femmes entrepreneurs, contient des informations détaillées. Les informations en question portent sur la création, la gestion et l’expansion d’une entreprise. Elle est constituée de deux grandes sections. La section ressources contenant les informations dont les femmes entrepreneurs ont besoin. Et la section réseautage permettant aux femmes de se mettre en réseau, d’apprendre et de faire des affaires ensemble.
Avec TAP