En visite officielle en France, Hichem Mechichi rencontrait successivement le Premier ministre Jean Castex au palais Matignon et le président du Sénat, Gérard Larcher. En marge de ces rencontres, le chef de gouvernement accordait, hier lundi, une interview à France 24. Extraits
En effet, Hichem Mechichi est en visite de travail depuis samedi dernier en France. Avant de se rendre à Rome, à l’invitation de son homologue italien Giuseppe Conte. Dans ce contexte, il était interviewé dans la soirée du lundi 14 décembre par France 24.
Au menu, figurent notamment: les investissements français en Tunisie; le dossier de l’extradition des Tunisiens en situation irrégulière se trouvant sur le sol français; la lutte contre le terrorisme; ainsi que la position tunisienne sur la normalisation des relations entre Rabat et Tel-Aviv.
Cherche désespérément 5 milliards d’euros
Sur le plan économique, le chef du gouvernement a exhorté Paris à accroître ses investissements dans son pays. Révélant à l’occasion que la Tunisie a un besoin de financement à hauteur de 16 milliards de dinars (environ cinq milliards d’euros) pour combler son déficit. Ajoutant qu’il a bon espoir de conclure un accord avec le FMI en ce sens. « Contrairement aux pratiques antérieures, mon gouvernement a pris le parti de dire la vérité sur la situation économique préoccupante », précisait-il.
« Extradition mais dans un cadre légal »
Revenant sur l’épineux dossier de l’extradition des Tunisiens en situation irrégulière se trouvant sur le sol français, Hichem Mechichi affirmait que la Tunisie est prête à coopérer dans ce dossier. A condition que la France mène les opérations d’extradition de Tunisiens en situation irrégulière « dans le cadre du respect des droits humains ».
« Nous faisons confiance à la France, pays des droits de l’Homme. Les Tunisiens se trouvant en situation irrégulière qui sont en France doivent être extradés, mais dans un cadre légal », insistait-il encore.
Puis, il abordait le dossier des personnes classées S en raison de leurs liens supposés avec le terrorisme et que la France veut expulser de son territoire. Hichem Mechichi affirmait que tout ressortissant constituant une menace pour les Français, « a vocation à rentrer chez lui ». Se disant aussi confiant « dans la capacité de la Tunisie à éviter que cela puisse constituer une source de danger pour le pays ».
Le chantage des visas
En outre, rappelons que la France menaçait les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, notamment ceux soupçonnés de radicalisation, d’une réduction du nombre de visas accordés.
A ce propos, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, avait indiqué que son pays « n’hésiterait pas à envisager une réduction « ciblée » du nombre de visas attribués. Et ce, aux pays qui rechignent à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, notamment ceux soupçonnés de radicalisation ».
Mechichi : « Ennahdha sincèrement favorable à un État civil »
Par ailleurs, et en réponse à une question sur les propos jugés offensants pour la femme tunisienne prêtés au député d’Al Karama Mohamed Affes. Lequel décrivait récemment décrit les mères célibataires comme des « traînées et des femmes violées ». M. Mechichi assurait que la Tunisie « n’accepte pas que l’on s’en prenne aux droits des femmes ». Se disant certain que le parti Ennahda « est sincèrement favorable à un État civil ».
Normalisation avec Israël : « Ce n’est pas le choix de la Tunisie »
Enfin, à propos de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le chef du gouvernement tunisien était invité à se prononcer. Il estime que « chaque pays est libre de ses choix, mais que ce n’est pas le choix de la Tunisie ».
Alors, la Tunisie a-t-elle subi des pressions américaines dans ce sens? « Non je n’ai pas eu écho de pressions de la part de l’administration Trump. Et ce, pour suivre la voie du Maroc et des Émirats », conclut-il.