Qui dit santé dit santé pour tous… Avons-nous réussi dans ce sens ? Où en sommes-nous dans la lutte contre la pandémie Covid-19 ? Autant de questions soulevées avec l’ancien ministre de la Santé, Dr Abderraouf Cherif, où il a dressé un état des lieux sur la situation sanitaire. Interview.
www.leconomistemaghrebin.com: Pour faire face à la pandémie Covid-19, on parle de vaccination en masse. Mais l’agence britannique du médicament a mis en garde sa population des cas allergiques qui peuvent survenir. Quel type de vaccin va-t-on utiliser ?
Abderraouf Cherif: Une chose est sûre et indiscutable. Pour la simple raison est qu’on est obligé d’aller vers la vaccination en masse. La question qui devrait être posée est de savoir auprès de quel laboratoire ? Or, les seuls sur le marché ce sont les laboratoires Pfizer-BioNtech. Alors que le laboratoire Sanofi a eu quelques complications. Ce qui fait qu’il va devoir revoir sa formulation.
D’ailleurs, depuis lundi, les USA ont commencé la vaccination en masse. Ce qui a donné de bons résultats. Cependant, il y a deux cas de décès et ce pour des raisons allergiques n’ayant aucun rapport avec le vaccin lui-même. Or, les allergies au vaccin existent quelques soient les conditions. Le dispositif est simple, avoir un cas d’allergie un sur mille cas, c’est tout à fait normal.
Ce qui veut dire pour 20 millions de vaccins, il faut qu’il y ait au bout de 10 millions vaccinés de bons résultats.
Où en sommes-nous ?
Abderraouf Cherif: Il va falloir attendre plus d’un an pour avoir des vaccinations en masse. Le seul vaccin sur le marché est celui de Pfizer. Car il faut se rappeler également qu’en matière de coopération dans ce domaine, on est orienté vers la France plus que les autres pays. En réponse à votre question, pour avoir une vaccination en masse, cela ne sera pas avant le mois de septembre 2021.
En effet, le nombre de vaccination sera en hausse. Parallèlement, le nombre de contaminations est en baisse. L‘hiver prochain, nous aurons un taux de vaccination important. Tout dépendra de la disponibilité du vaccin sur le marché tunisien.
Outre la pandémie, il y a la nécessité de la santé pour tous. Quel est l’état des lieux ? Comment trouver des solutions urgentes face au déficit de la Cnam par exemple?
Abderraouf Cherif: La santé pour tous est un problème de moyens. Or, le jour où on paiera la CNAM. Celle-ci paiera les hôpitaux de son côté. On pourra ainsi assurer la santé pour tous. Car tout est lié. Si on n’arrive pas à payer les dettes de la Cnam, on ne pourra pas payer non plus les hôpitaux ou encore fournir les médicaments nécessaires. Cela dit, il est possible d’y remédier. Il suffit d’avoir un programme d’urgence.
Par ailleurs, si on n’arrive pas à payer cela, on ne peut pas évoquer la santé en Tunisie. Il serait ainsi difficile de garantir un service de santé adéquat pour tous les citoyens.
Au jour d’aujourd’hui, tous les hôpitaux de la Tunisie sont déficitaires. Si cette situation continue, le secteur de la santé sera en péril ! Il y a urgence de sauver le secteur. Et ce par le biais de renflouer les caisses de la CNAM. C’est à l’Etat de payer les 4 mille milliards de dinars à la CNAM. Ce qui laisse notamment les hôpitaux le temps de respirer. C’est possible de sauver cette caisse et les hôpitaux. Il faut revoir le budget du ministère de la Santé. Cela ne peut se réaliser qu’avec les discussions et un dialogue national autour de cette problématique. Ainsi que de mettre en place un plan de sauvetage pour le pays.