Alors que la crise sanitaire est loin d’être terminée, le relâchement dans l’exécution des gestes barrières est ressenti parmi la population. Il faut reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une exclusivité tunisienne, mais partout dans le monde. La COVID-19 a impacté tous les secteurs d’activité sans exception. Et la survie des entreprises et des emplois est devenue la priorité de tous. Dans un pays comme le nôtre, un nombre grandissant de personnes vivent au jour le jour. En se nourrissant le soir grâce à qu’elles ont gagné au cours de la journée. Leur infliger un couvre-feu et des contraintes de déplacement signifie réduire leur chance de vivre dignement.
Et ce qui accentue aujourd’hui l’inquiétude est cette nouvelle souche du virus, capable de se propager rapidement. Bien que le ministre de la Santé allemand ait déclaré hier que cet événement n’a pas d’impact sur les vaccins qui restent toujours efficaces. Pourtant, l’inquiétude s’est déjà installée dans les esprits. Le confinement instauré en Angleterre et en Italie montre que l’on ignore réellement le degré de gravité de la situation. La crise sanitaire continue donc d’inquiéter.
Choix difficile, mais clair
Dans ce contexte, un débat s’est installé: peut-on fêter le nouvel an en grande pompe? Dès que la fin du couvre-feu a été décrétée pour le 30 décembre, les hôtels et les restaurants se sont lancés dans une course contre la montre pour offrir un programme alléchant de la soirée de la Saint-Sylvestre.
Pour l’ensemble du secteur touristique, qui a connu une vraie crise cette année, c’est l’une des rares opportunités de renflouer les caisses. Selon les chiffres de l’INS, le nombre de touristes qui ont visité la Tunisie en décembre 2019 était de 737 400, dont 171 900 Algériens et 167 600 Libyens. La grande majorité est venue passer le réveillon dans nos structures hôtelières. Le marché n’est pas négligeable et ouvrir cette niche aux professionnels est une bouffée d’oxygène.
Mais attention, car avec une situation épidémiologique aussi fragile que la nôtre, organiser de telles soirées conduira certainement à la multiplication des cas de contagion par le virus. Toute dégradation future de la situation sanitaire va mettre la pression sur le Gouvernement. Celui de Fakhfakh porte encore le chapeau de l’ouverture non contrôlée des frontières au mois de juin, considéré comme le péché originel.
L’avis du comité scientifique hier a ajouté une nouvelle couche et les locataires de la Kasbah doivent trancher. Quelle que soit la décision prise, elle fera des victimes. Mais le bon sens indique clairement que l’interdiction des fêtes aura un coût pour la Nation.
Les gagnants et les perdants
Et comme tout choix économique, des opportunités naissent. Si la prohibition des fêtes sera décrétée, c’est le business de la livraison à domicile qui fonctionnera à merveille. Cerise sur le gâteau: une clientèle à très fort pouvoir d’achat, initialement destiné à être dépensé dans un restaurant, pourrait être intéressée par la consommation de produits très haut de gamme chez-elle.
A l’autre bout du spectre, il y a essentiellement les agences de voyages et les travailleurs saisonniers qui devrait broyer du noir. Il ne faut pas les oublier si l’exécutif décide de prendre l’avis des scientifiques.