Coup de tonnerre sur la scène politico-judiciaire en Tunisie. Et ce, suite à l’arrestation, dimanche, du ministre des Affaires locales et de l’Environnement. Ainsi que 12 autres responsables, dont deux colonels major de la douane tunisienne. Et ce, dans le dossier explosif des déchets italiens introduits illégalement en Tunisie. Un coup de balai annonciateur d’une guerre ouverte de la justice contre la corruption?
Hier lundi, leconomistemaghrebin.com titrait dans son éditorial: « Le ministre de l’Environnement est limogé, à qui le tour ? ». S’en est suivi un coup de tonnerre sur la scène politique et judiciaire avec l’arrestation du ministre de l’Environnement en personne. Lequel avait déjà été démis de ses fonctions dimanche par le chef du gouvernement. Avant d’être longuement auditionné par une brigade de recherches et d’investigations de la garde nationale à la caserne de l’Aouina. Maintenu en garde à vue, il passait sa première nuit en geôle. La justice suit son cours.
Préserver l’image de l’Etat
A noter à ce propos que l’opération de la police a été effectuée dans le respect strict des règles de l’art. Car, le ministre n’était plus en fonction au moment de son arrestation par la police judiciaire. Ainsi, l’on a su avec délicatesse préserver l’image de l’Etat, en évitant à un ancien ministre les affres d’une arrestation publique. Et l’on comprend désormais pourquoi Hichem Mechichi n’avait pas attendu lundi pour limoger son ministre.
Coup de balai
A savoir également que 23 personnes présumées être impliquées dans le scandale des déchets d’Italie sont arrêtées; dont 12 ont été placées en garde à vue.
En outre, quatre personnes interpellées ont été maintenues en liberté. En l’occurrence, il s’agit: du chef de cabinet du ministre de l’Environnement; de deux colonels major de la Douane tunisienne; et d’un intermédiaire douanier. C’est ce que faisait savoir le premier vice-président du Tribunal de première instance de Sousse, Jabeur Ghenimia. Annonçant l’ouverture d’une enquête judiciaire lundi 21 décembre 2020 relative à « la formation d’une bande de corrompus. En vue de l’atteinte aux personnes et aux biens, le faux et usage de faux. Et l’utilisation par un fonctionnaire de sa qualité pour réaliser un profit à sa personne ou à autrui ».
Pour rappel, le principal suspect dans cette affaire est le propriétaire de la société importatrice SOREPLAST. Il reste toujours recherché par la justice, étant en fuite depuis que le scandale a éclaté. Sachant qu’un avis de recherche avait été émis à son encontre à la date du 17 novembre, 2020.
La corruption dans le viseur de la justice
Cependant, le mandat d’arrêt contre un ministre de la République constitue un précédent judiciaire inédit en Tunisie. Est-ce un signe avant coureur que le locataire du palais de Kasbah avec la bénédiction du Président de la République, vient de siffler la fin de la récréation? En appliquant strictement la loi pour combattre la corruption. Afin de mettre un terme à la culture de l’impunité qui gangrène le pays, notamment depuis la Révolution?
En effet, « la Tunisie n’est pas la décharge à ciel ouvert de l’Italie ». C’est ce que martelait l’opposition quand l’affaire des déchets en provenance d’Italie éclatait. D’autant plus que les infrastructures tunisiennes ne permettent pas au pays de surmonter ses propres besoins. Puisque seuls 61% des déchets de la capitale sont collectés, selon un rapport récent de la Banque mondiale. Et la majorité aboutit dans des décharges à ciel ouvert.
Non, le pays d’Hannibal n’est pas et ne sera jamais le dépotoir de Rome. Et ce, grâce à la vigilance de nos médias. Enfin libres…