Al Karama Holding a dévoilé au début de cette semaine la liste des candidats pour l’acquisition de Carthage Cement.
Des noms intéressants et sérieux figurent dans la liste des candidats pré-qualifiés pour la suite du processus de cession d’un bloc majoritaire dans le capital de Carthage Cement. Le point commun entre les cinq noms retenus est leur présence préalable en Tunisie.
Cemolins Internacional
Le premier candidat est l’espagnol Cemolins Internacional. Le cimentier est coté en Bourse. Sa capitalisation est de 872 M€. Fondée en 1928, la société était un opérateur local jusqu’à les difficultés des 1970. Lors de la reprise, la décision de s’internationaliser et de diversifier ses produits a été prise. Dans son marché local, elle a étendu son activité vers le commerce du béton, des agrégats, des préfabriqués en béton, des mortiers spéciaux et de ciments adhésifs.
Le début de l’expansion géographique était avec une participation de 51% dans le capital d’un cimentier en Argentine (Compañía Cementos Avellaneda) qui possède deux usines de ciment et plusieurs unités de béton. La société a fait son entrée au Mexique en 1988 avec l’italien Buzzi Unicem, en contrôlant 67% de la Corporación Moctezuma qui possède également deux usines opérant dans le secteur du béton et du mortier. En 1991, il pénètre l’Uruguay après l’acquisition de 49% de Cementos Artigas.
Puis avec le géant Lafarge, Cementos commence ses opérations au Bangladesh et en Inde en 2006. Et ce avec une cimenterie approvisionnée en matières premières provenant d’une carrière en Inde via un tapis roulant de 16 km de long. Le groupe est également présent en Tunisie depuis 2007 par le biais de la SOTACIB et la cimenterie de Portland à Kairouan qui fonctionne depuis 2012.
En 2016, le groupe est revenu en Amérique Latine, en coopérant essentiellement avec Grupo Votorantim. Ce groupe a acheté 26,46% d’une cimenterie bolivienne. Il a également construit une usine en Colombie.
Il s’agit donc d’un opérateur qui connaît très bien le marché tunisien qui est sa seule implantation non sud-américaine. Cet opérateur a certainement des idées pour créer des synergies avec son business déjà existant.
Le consortium Secil et la Société des Ciments de Gabès
Le deuxième candidat est le portugais Secil dont la naissance remonte à 1930. Sa capacité de production annuelle est de 4 millions de tonnes. Soit 35% des besoins en ciment du Portugal.
Mais Secil n’est pas seulement un cimentier. Le groupe (The Secil Universe) a une quarantaine d’entreprises. Celles-ci opèrent dans des domaines complémentaires tels que la production du béton préfabriqué, de la chaux hydraulique, de plâtres, des revêtements ainsi que l’exploration de carrières.
Au niveau international, Secil est présente en Tunisie. Elle possède la Société des Ciments de Gabès. Elle est également présente en Angola, avec une participation de 51% dans TecnoSecil. Celle-ci exploite la cimenterie de Lobito. Secil a également acquis une participation financière importante dans la société Ciment de Sibline située au sud de Beyrouth. Au total, le groupe opère dans 7 pays. Il possède 8 usines avec une capacité de production globale de 9,75 millions de tonnes.
C’est donc un opérateur qui connaît parfaitement le contexte tunisien. Il compte réitérer sa première expérience qui était un succès. Reste à préciser que le cimentier est coté en Bourse, à travers le holding Semapa qui détient intégralement la société. Sa valeur marchande est de 734 M€.
Les Ciments Artificiels Tunisiens
Les Ciments Artificiels Tunisiens (CAT) est la première cimenterie installée en Tunisie en 1932 et nationalisée en 1977. Elle est restée propriété de l’Etat jusqu’à 2000, l’année de sa cession au cimentier Italien COLACEM. La capacité de production actuelle est de 1 million de tonnes par an.
Le groupe peut donc compter sur son expertise locale et son marché établi pour s’offrir un nouveau souffle à son activité tunisienne.
Le consortium Boureima Ouedraogo (Burkina Faso) et la société Petrolcem SRL (Italie)
Boureima Ouedraogo est un homme d’affaires bien connu dans le continent via son Groupe OBOUF. Ce groupe est composé de six sociétés présentes au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Togo. Il s’agit précisément de OBOUF (qui opère dans le négoce à travers la représentation de labels commerciaux et l’immobilier), OBOUF Industries (fabrication de motocycles), ACCESS Transport (transport de marchandises diverses et d’hydrocarbures), ACCESS OIL avec un réseau d’une vingtaine de stations-services, AMARDIS (distribution des produits alimentaires) et la Compagnie Générale du Faso (COGEFA). Cette dernière est bien connue puisqu’elle a acquis plus 5% du capital de la BNA en juillet 2019.
Quant à PETROLCEM, nous n’avons pas pu avoir beaucoup de données. Ce que nous savons c’est qu’elle est juste présente à Naples. Elle opère aussi dans la vente en gros. Son chiffre d’affaires est de 3,67 M$.
La société Majda Tunisia
Le dernier candidat est le plus lourd de point de vue financier. Il s’agit bien de Majda Tunisia, le bras tunisien du groupe qatari Majda. Il détient la Banque Zitouna, sa filiale d’assurance islamique Zitouna Takaful, l’hôtel la Cigale à Tabarka et celui qui sera inauguré dans quelques années à Gammarth.
Maintenant, le groupe compte bien se lancer dans l’industrie via Carthage Cement. Il a bien les moyens pour le faire. Ce qui est sûr c’est que s’il remporte l’appel d’offre, il faut s’attendre à ce qu’il va construire toute une chaîne de valeur autour de l’usine de Jbal Ressass.
La liste des candidats montre que cette fois, il y a une réelle chance pour concrétiser la vente de Carthage Cement. Celle-ci a usé de la patience de toutes les parties prenantes de la société, à commencer par les actionnaires individuels dont plusieurs ont laissé des plumes à cause de la volatilité de son en Bourse. Une cession fera l’affaire de tout le monde.