Nabil Karoui, le patron de la chaîne Nessma TV et président de Qalb Tounes a été placé, hier jeudi, sous mandat de dépôt dans une affaire de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Retour sur un dossier qui date de l’élection présidentielle de 2019 où il était candidat au deuxième tour.
Il y a à peine quelques jours, le ministre des Affaires locales et de l’Environnement était arrêté pour soupçons de corruption dans l’affaire des déchets importés illégalement d’Italie. Il s’agit d’un précédent judiciaire inédit dans les annales de la République. Hier, ce fut le tour de Nabil Karoui d’être arrêté et incarcéré jeudi 24 décembre 2020 à la prison civile d’El Mornaguia.
Graves accusations
En effet, le patron de Nessma TV et président de Qalb Tounes était auditionné jeudi matin par le juge d’instruction près le Pôle Judiciaire Financier concernant une affaire de suspicion de blanchiment d’argent. Avant de faire l’objet d’un mandat de dépôt. Et ce, suite à une mission d’expertise ordonnée par le juge d’instruction et effectuée par trois experts.
Selon Mosaïque FM, l’enquête effectuée par ces experts sur les avoirs de M. Karoui avait conduit à la découverte d’une énorme somme d’argent, en l’occurrence 143 millions de dinars, de source inconnue. Sans que l’intéressé ne fournisse de documents expliquant la provenance de ce montant.
Toujours selon la même source, l’homme d’affaires aurait demandé le report de l’examen de cette affaire pour apporter les justifications nécessaires, mais le juge d’instruction a refusé.
Ainsi, le patron de Nessma a été arrêté pour sa présumée implication dans des affaires de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Une information confirmée hier jeudi par le porte-parole du Pôle Judiciaire Financier, Mohsen Dali. Lequel avait confirmé sur les ondes d’IFM que le frère de Nabil, Ghazi Karoui, « est également impliqué dans cette affaire. Toutefois, il n’a pas été arrêté en raison de son immunité parlementaire ».
Pour rappel, Nabil Karoui était à l’époque candidat à la présidentielle. Il avait fait l’objet en août 2019, en pleine élection présidentielle, d’une arrestation préventive pour soupçons d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Avant d’être libéré en attendant la fin de l’inspection ordonnée par le juge d’instruction chargé de cette affaire.
Présomption d’innocence
A l’issue de l’arrestation de son président, le parti Qalb Tounes a réagi pour expliquer qu’il ne s’agit pas « d’une condamnation, mais d’une simple mesure préventive ». Et d’ajouter que Karoui jouit toujours de la « présomption d’innocence ».
Dans un communiqué paru hier jeudi, le parti appelait les militants à garder leur calme et les internautes à éviter les campagnes de diffamation, exprimant sa « confiance en la justice ».
Pour sa part, le président du groupe du Parti QalbTounes à l’ARP, Oussama Khlifi, a estimé que Nabil Karoui est visé politiquement. « Karoui a toujours fait face à un harcèlement, d’ailleurs on l’avait privé de mener sa campagne électorale ». Rappelle-t-il.
Des politiciens seraient derrière l’arrestation de Nabil Karoui selon ses dires. « Des partis politiques qui ont perdu aux élections ont mis la pression sur la justice afin de se venger ». Avait-il martelé lors de son intervention sur les ondes d’une radio privée.
« Serait-ce les prémices d’une libération de la justice du joug des politiciens ? ». S’est interrogé le député du Bloc démocrate Hichem Ajbouni sur sa page FB en commentant la nouvelle.
L’avenir nous le dira.