L’ex-chef du gouvernement et président du Mouvement Tahya Tounes, Youssef Chahed, revient sur le devant de la scène politique. Avec une feuille de route et des propositions originales pour sortir le pays de la crise. Explications.
Alors que cela fait moins de onze mois que Youssef Chahed quittait le palais de la Kasbah fin février dernier. Ne voilà-t-il pas qu’il se propose de nouveau au bon souvenir des Tunisiens.
Feuille de route
Ainsi, il révélait, hier lundi 4 janvier 2021, sa feuille de route. Afin de sortir le pays de sa crise politique, économique et sociale; la pire que le pays ait connue depuis l’indépendance.
En effet, à la base socio-économique, M. Chahed estime que la crise a empiré par l’atmosphère politique tendue. Laquelle est marquée par la violence et les campagnes nuisibles de diffamation.
Par conséquent, il décidait de s’adresser à ses compatriotes via une vidéo diffusée sur sa page officielle. Il y constate avec amertume l’état de balkanisation du Parlement. « Jamais l’hémicycle n’a vécu autant de dispersion, d’actes de violence et d’anarchie ayant gravement impacté les intérêts supérieurs de la Nation », affirme-t-il.
Et de constater que « la Tunisie ne peut pas se payer le luxe d’attendre encore trois nouvelles années. Avec un Parlement inapte à assurer son rôle législatif, à garantir une majorité capable de diriger le pays. Enfin à constituer une ceinture politique forte au gouvernement ».
Package politique
Alors que faire? L’ex-chef du gouvernement, sous le règne de feu le président de la République Béji Caïd Essebsi, avance trois propositions.
Primo, l’amendement du système électoral. Secundo, un parlement réduit à 100 députés élus en une seule circonscription nationale sur des listes nationales en deux tours. Tertio, l’organisation d’élections législatives anticipées et la décentralisation avec transfert des pouvoirs centraux aux régions.
En clair, il s’agit d’adopter une liste électorale unique pour chaque parti politique, laquelle liste est composée de 100 députés uniquement; et ce, dans toutes les circonscriptions électorales. Avec à la clé des élections en deux tours.
Ensuite, il faut passer directement à la tenue d’ « élections législatives anticipées sans attendre l’année 2024; en parallèle des élections des conseils régionaux. Lesquels ont un rôle important à jouer dans la réalisation du développement régional ».
Ce système en vigueur dans plusieurs pays, affirme Youssef Chahed, permet de produire une nette majorité au parti au pouvoir et une opposition minoritaire au sein de l’hémicycle.
Enfin, Chahed exprime sa totale adhésion au Dialogue national proposé par la centrale syndicale et parrainé par le président de la République. Il « sera le début de la fin de la crise », conclut-il.
Un avenir politique?
Alors, que penser de l’initiative, somme toute intéressante, de l’ancien chef du gouvernement; et ce, à quelques jours de la célébration du dixième anniversaire du 14 janvier 2011?
D’abord que Youssef Chahed s’invite au débat, en endossant le costume d’un homme d’Etat sage et pondéré; ayant l’ambition manifeste de sauver le pays. Se projette-t-il dans un avenir politique, d’autant plus qu’il n’a que 45 ans?
Certes, il est possible pour un homme politique de rebondir. Sauf que le legs laissé après les trois années et demie passées à la Kasbah ne plaiderait pas toujours, hélas, en sa faveur. C’est du moins l’avis de ses détracteurs.