« L’universitaire Hafedh Ben Abdennebi a estimé que Olfa Hamdi a fait preuve de courage et d’audace en acceptant sa nomination à la tête de la Tunisair« . C’est ce que nous a confié aujourd’hui l’universitaire spécialiste en économie industrielle dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Hafedh Ben Abdennebi a considéré que l’attitude de la nouvelle PDG de Tunisair, Olfa Hamdi est celle d’une jeune leader. Il a, par la suite, expliqué qu’elle devra choisir entre deux options: sauver la compagnie ou se soumettre aux revendications de certaines entités.
Une réforme multi-face
Pour ce qui est de l’avenir de Tunisair, Hafedh Ben Abdennebi nous a expliqué qu’il est nécessaire de procéder à des réformes. Celles-ci porteront principalement sur trois axes. Premièrement, il a proposé une réforme qui porte sur le parc de la flotte de la compagnie aérienne nationale. Hafedh Ben Abdennebi a par la suite cité une reconfiguration de la masse salariale. Troisièmement, l’universitaire a évoqué les filiales de Tunisair.
Entretien et renouvellement de la flotte
Toujours d’après Hafedh Ben Abdennebi, la flotte de Tunisiar se composerait de 29 avions. « De ces engins, la compagnie en exploite seulement 8 ». Il a expliqué que 21 appareils sont cloués au sol à cause de problèmes techniques. L’universitaire a expliqué que Tunisair est incapable de se procurer les pièces et l’appui pour relancer la réutilisation des avions. Ceci est dû aux dettes impayées auprès des fabricants et des fournisseurs de pièces de rechange.
Hafedh Ben Abdennebi a évoqué aussi le vieillissement de la flotte. A ce sujet, il nous a révélé que des 29 engins, 27 auraient en moyenne 20 ans de service. « Il y a même des avions âgés de 30 ans », a-t-il ajouté. Le spécialiste en économie industrielle a tout de même rappelé l’achat de deux avions Airbus en 2015. Il a estimé que cet élément constitue un problème de sécurité. Hafedh Ben Abdennebi a proposé comme solution la vente des avions anciens et non-exploités.
Réviser les effectifs
A ce sujet, Hafedh Ben Abdennebi a expliqué que Tunisair est soumise à un ensemble de normes imposées par la « International Air Transport Association » (IATA). Selon l’IATA, Tunisair doit mobiliser une centaine d’employés par avion. Rappelant qu’elle en compte plus de 8800. L’universitaire a conclu que la compagnie aérienne nationale aurait besoin de seulement 2900 employés pour faire fonctionner sa flotte. Il a cité à titre d’exemple les 900 bagagistes ayant un grade de directeur. Il a estimé que la chose n’obéit à aucune règle de bonne gouvernance.
« Ce sureffectif a conduit à une contrainte sociale extrêmement importante », a indiqué Hafedh Ben Abdennebi. Il a aussi ajouté que Olfa Hamdi devrait procéder au licenciement de près de 6000 employés qui, selon ses dires, « jouissent d’une rémunération sans exercer une fonction. Or, ce licenciement se heurte à la volonté de deux organisations syndicales de poids: l’UGTT et la CGTT ».
L’universitaire a rappelé que Tunisair a subi une restructuration coûteuse durant les années 90. Il a aussi ajouté que la compagnie ne comptait que 2200 employés avant 2011. « Après la révolution, tout a été remis en cause », a conclu Hafedh Ben Abdennebi.
Un nouveau modèle de management est indispensable
En ce qui concerne la gestion de la compagnie, Hafedh Ben Abdennebi a souligné la nécessité d’une nouvelle approche. « Nous devons nous détacher des outils de gouvernance publique », a-t-il expliqué. M. Ben Abdennebi a estimé que Tunisair ne peut pas concurrencer les mastodontes du secteur en continuant à être gérée comme une entreprise étatique. L’universitaire a, en outre, évoqué d’autres questions d’ordre financier. Il s’est interrogé sur la future recapitalisation de la compagnie.
Pour conclure, Hafedh Ben Abdennebi nous a confié que Tunisair est dans une situation difficile comme plusieurs autres entreprises publiques; et ce, à cause de plusieurs mauvais choix.