La Tunisie pourrait être confrontée dans un avenir proche à un terrible enjeu. A savoir: la normalisation avec l’Etat hébreu ou le paiement d’indemnisations stratosphériques. Dilemme cornélien.
Sommes-nous condamnés à boire le calice jusqu’à la lie? La Tunisie devra-t-elle un jour opérer une normalisation avec l’Etat hébreux? Et ce, pour éviter de payer une somme astronomique en dommages et intérêts. C’est en tout cas ce qui ressort des propos du député Safi Saïd, l’invité principal de l’émission « politique » Wahch echacha.
Chantage à la normalisation
En effet, l’écrivain, auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages politiques, vient de dégoupiller une bombe. Et ce, lorsqu’il affirmait, dimanche sur la chaine privée Attessia TV, qu’Israël exerce des pressions. Et ce, pour que la Tunisie accepte la normalisation des rapports diplomatiques. En cas de refus, il exigera 35 milliards de dollars d’indemnisation pour les biens des juifs qui ont fui la Tunisie. « Nous seront confrontés à une situation difficile quand Israël formulera une demande officielle d’indemnisation ». Ainsi, prévenait l’ancien candidat à l’élection présidentielle.
Et ce ne sont pas des propos en l’air. Puisque Hatem El Euchi, ancien ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières dans le gouvernement Habib Essid, les confirme.
En effet, ce magistrat de son état, réagissait instantanément à la déclaration de Safi Saïd. En affirmant que lorsqu’il était en poste en 2015, l’Ambassadrice de l’Union Européenne, Laura Baeza Giralt, lui avait transmis « l’intention d’Israël de demander que les citoyens tunisiens de confession juive ayant fui la Tunisie en 1967 et 1973, soient indemnisés »; ajoutant qu’il s’agit de « montants colossaux ».
Selon ses dires, il aurait répliqué que les juifs en question sont de nationalité tunisienne et qu’Israël n’a rien à voir avec cette affaire. D’autre part, il souligne qu’il n’avait pas jugé utile d’en informer le Chef du gouvernement de l’époque. Habib Essid n’ayant pas accordé une grande importance à cette demande.
Pourtant, « à tout moment, Israël peut faire pression sur la Tunisie. Par rapport à cette indemnisation qui est importante et dépasse même le budget de l’Etat. Je ne sais pas si la normalisation serait la contrepartie de cette demande », s’interroge-t-il.
35 milliards US d’indemnités
A ce propos, il y a déjà un an jour pour jour, le site The Times of Israël rapportait dans sa version du 7 janvier 2019 que Tel-Aviv se préparerait à réclamer « des indemnisations; pour un montant total de 250 milliards de dollars à sept pays arabes et à l’Iran. Elles concernent les biens et propriétés abandonnées par les Juifs contraints à quitter leurs territoires suite à l’établissement de l’État d’Israël ».
« Le moment est venu de corriger l’injustice historique des pogroms (anti-juifs) qui ont eu lieu dans sept pays arabes et en Iran. Et de rendre à des centaines de milliers de Juifs, qui ont perdu ce qui était à eux, ce qui leur revient de droit ». C’est en ces termes que s’exprimait la ministre israélienne de l’Égalité sociale Gila Gamliel. Elle est en charge de la coordination de cette question, au niveau du gouvernement israélien.
Toujours selon la même source israélienne, qui cite le quotidien en langue hébraïque Hadashot, les demandes d’indemnisation sont en cours de finalisation. Elles s’élèveraient à 35 milliards de dollars pour la Tunisie et à 15 milliards de dollars pour la Libye.
Au total, l’État juif réclamera un montant de plus de 250 milliards de dollars; à répartir entre ces deux pays et d’autres. Sont notamment concernés le Maroc, l’Irak, la Syrie, l’Égypte, le Yémen et l’Iran.
Troublante révélation du New York Times
A noter également qu’en décembre, le prestigieux New York Times révélait que selon des responsables américains, la Tunisie et le Sultanat d’Oman pourraient être les prochains pays qui normaliseraient avec Israël.
« Démenti catégorique »
Suite à cette troublante révélation, le ministère des Affaires étrangères démentait catégoriquement cette information relative à une éventuelle normalisation. Car, « n’ayant aucun fondement et contraire à la position officielle et immuable de la Tunisie et de son chef d’Etat qui soutiennent la cause palestinienne et le droit du peuple palestinien à recouvrer sa liberté et sa souveraineté légitimes ».
La Tunisie devra-t-elle se soumettre un jour à la Pax hebraïca, à l’instar du Maroc ou encore du Soudan, Bahreïn et des Emirats Arabes Unis; sans omettre l’Egypte et la Jordanie?
L’avenir nous le dira.