La disparition de l’ATCE selon la formule qui était la sienne avant 2011, était salutaire. Mais quel pays peut faire l’économie d’une structure dédiée à la communication extérieure ? Et les formules sont multiples, il suffisait de faire un benchmarking et de choisir la meilleure recette.
Tous ceux qui ont eu à prendre connaissance des contenus, aussi bien dans la presse écrite que digitale ou encore audiovisuelle, ont pu faire sans doute le même constat concernant l’image donnée concernant la décennie révolutionnaire de la Tunisie : c’est grosso modo l’échec d’un parcours qui a trahi beaucoup d’espoirs.
Le diagnostic a été évidemment celui de tout le Printemps arabe. Cependant, il a été beaucoup question de la Tunisie d’où ce printemps est parti. Même si le jugement relatif à la Tunisie a été sans doute moins sévère au sujet des questions relatives aux libertés.
Quoi qu’il en soit, ce constat n’a pas été établi à la hâte –on s’en rend compte en prenant connaissance des contenus diffusés-, mais a été le fruit d’un suivi permanent de la part de médias qui en plus des multiples sources d’informations dont ils disposent, ont des correspondants et délèguent des envoyés spéciaux dans notre zone qui se trouve depuis dix ans dans les radars de médias.
Une image qui est donc tout naturellement le fruit d’un cumul qui agit comme un puzzle : chaque événement et donnée sont rapportés souvent dans le détail dégageant en définitive une impression générale.
La réponse est non
Toute la question est de savoir si nous autres Tunisiens avons agi pour influencer cette image, la corriger, par exemple, en offrant une autre lecture qui mette en évidence des trajets marqués somme toute par des réussites à divers niveaux ?
La réponse est non si l’on se réfère à ce que nous avons pu lire, voir et écouter. Il est vrai, cela dit, que les médias ne s’intéressent, comme on le précise souvent, qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. Mais quelquefois trop c’est trop. A-t-on vu ces dernières années, nos autorités prendre attache durablement et efficacement avec des médias occidentaux notamment pour corriger un tir ?
Evidemment, on pourra toujours dire que nos représentations à l’étranger ont joué un rôle certain dans ce domaine. Mais est-ce vraiment leur travail et ce pour une activité (les relations presse) qui exigent une expertise et un travail de tous les instants ?
L’occasion nous est donnée ici, le propos si prête, pour revenir à la défunte Agence Tunisienne de Communication (ATCE) qui a disparu avec l’avènement de la révolution du 14 janvier 2011.
Et les formules sont multiples
Il va sans dire que le maintien de cette ATCE avec la formule de son fonctionnement depuis sa création dans les années quatre-vingt-dix n’était plus possible ni encore souhaitable. Reste que, ceux qui l’ont fait disparaître n’ont pas pensé à la remplacer pour que soit assurée une fonction de communication à destination de l’extérieur.
Car, aucun pays au monde ne peut faire l’économie d’une structure dédiée à la communication qui travaille son image et serve, par ce biais, ses intérêts économiques et financiers. Il s’agit là d’une fonction essentielle à laquelle il fallait faire porter un autre habit que celui donc de la dictature et de sa propagande.
Et les formules sont multiples, il suffisait de faire un benchmarking (« une technique qui consiste à étudier et à analyser les techniques de gestion, les modes d’organisation des structures semblables ») et de choisir la meilleure recette (best practice). En faire une institution nouvelle fonctionnant selon les modèles de la démocratie et regroupant les fonctions de la communication politique, commerciale, touristique notamment, pour l’extérieur. Ou l’affecter à un département comme celui des Affaires étrangères sous une dénomination comme la « diplomatie publique » à l’instar de ce qui se fait pour un pays voisin.
Il faut dire que, de ce côté des choses, nous n’avons pas su bien faire. Ainsi en est-il, par exemple, de la disparition du ministère de la communication dont les conséquences se ressentent aujourd’hui : les professionnels n’ont plus d’interlocuteur et ce pour un secteur qui n’a pas connu des réformes qui comptent.
Pays démocratiques, et vieilles démocraties même citées en exemple, la France (ministère de la Culture et de la Communication) et la Grande-Bretagne (département du Numérique, de la Culture, des Médias et du Sport) possèdent bien un département ministériel en charge de la communication.