Les émeutes nocturnes depuis le premier jour du confinement, le 14 janvier, ont marqué les esprits des Tunisiens. Ils ressentent une inquiétude entre la peur d’aujourd’hui et comment demain sera fait…D’ailleurs, un grand nombre de dirigeants et d’analystes politiques ont livré leur point de vue vis-à-vis de la situation actuelle. En somme, il semble que dix ans après, on assiste à un remake des événements du 14 janvier 2011…
De ce fait, les émeutes nocturnes étaient marquées par des violences dans plusieurs villes de Tunisie, rappelant ainsi les événements de décembre 2010 et janvier 2011, mais cette fois-ci « avec leur lot de jeunes désoeuvrés et désespérés, des véhicules mystérieux qui distribuent des pneus et des billets de banques en plus d’autres substances psychotropes”, souligne pour sa part Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon, en Allemagne et à Séoul, via son post. Tout en déclarant: « Il ne reste plus au scénario funeste de 2010-2011 que les tireurs d’élite qui demeurent, après dix ans, un mystère impénétrable. Ces jeunes insoumis que beaucoup qualifient de délinquants et de brigands, deviendront-ils comme leurs prédécesseurs des héros et martyrs de la prochaine « révolution » exigeant des centaines de millions de dédommagement à faire assumer par le pauvre contribuable qui a été déjà saigné à blanc par une décennie de gouvernance catastrophique, de pillage économique et de compensations qui considèrent la Tunisie comme un butin de guerre?”
Dix ans après !
Par ailleurs, il a également ajouté dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « Tant que nous n’aurons pas élucidé le mystère des tireurs d’élite de 2011 et traîné en justice leurs commanditaires, nous risquons d’être confrontés à la réédition de ce scénario macabre après dix ans. »
De son côté, Ghazi Chaouachi, le secrétaire général du Courant Démocrate souligne via un post: « Les manifestations accompagnées par des actes de vandalisme, d’attaques contre les biens publics et privés,que ce soit de jour ou de nuit, représentent non seulement un crime puni par la loi, mais aussi un acte terroriste à l’encontre du pays et de ses citoyens. »
Abdellatif Mekki: « Nous devons savoir qui est derrière le pillage et le sabotage »
D’ailleurs, un certain nombre de dirigeants considèrent que les perturbations nocturnes ne sont pas anodines. Pour sa part, Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé, s’interroge sur la nature des commanditaires. A savoir qui sont les vrais commanditaires se cachant derrière les actes de vandalisme et de pillage des biens d’autrui. En effet, il souligne via un post: » Nous sommes tous avec nos forces de sécurité qui ne font qu’appliquer la loi et protéger la vie des citoyens. Aujourd’hui, il est de notre devoir de savoir qui est derrière le pillage et le sabotage. »
Toutefois, Radhouane Masmoudi, président du Centre d’Etudes sur l’Islam et la Démocratie et connu pour sa proximité avec le mouvement Ennahdha, a adressé un message au président de la République. Il déclare via son post: « Le président Kaïs Saïed doit dénoncer la violence et le chaos. Il doit désavouer les pages qui incitent à la violence, au sabotage et au pillage nocturne. Sinon le Parlement doit prendre les mesures nécessaires pour l’isoler, comme le Congrès américain l’a fait avec Trump. Dénoncer la violence est un devoir. »
Pourquoi ces émeutes ?
Par ailleurs, Mohamed Abbou, ancien secrétaire général du Courant Démocrate revient sur les mouvements qui doivent, selon lui, être pacifiques. Il précise : « Pour votre information, les avocats le 14 janvier 2011 ont envoyé des messages aux forces de sécurité. Ils voulaient signifie que la bataille avec Ben Ali n’est pas avec eux. D’ailleurs, ce jour, les avocats ont empêché les jeunes de pousser la porte du ministère pour y entrer. Et j’ajouterai que seuls les mouvements pacifiques portent leurs fruits. Rappelons-nous que c’est la classe moyenne et celle des pauvres qui ont conduit à cette révolution de 2011. Ce qui a conduit à une révolution des blessés et des martyrs. »
Par ailleurs, pour revenir aux faits des quatre jours, le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khaled Lahyouni n’a pas manqué de rappeler le nombre des arrestations tout le long des quatre jours sur les ondes de Mosaïque fm, en soulignant que le nombre d’arrestations s’élève à 632 arrestations dont l’âge varie entre 15 et 25 ans. Tout en insistant sur le droit des manifestations qui doit être pacifique et doit se faire dans la journée et non dans la nuit face à une situation sanitaire chaotique ».