Que pense le monde politique du climat actuel? Faouzi Charfi, dirigeant du parti Al Massar, donne son point de vue, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Ainsi, Faouzi Charfi revient sur les contestations, qu’elles soient de jour ou de nuit. Il estime: « Les contestations, qui se déroulent en ce moment, sont des contestations essentiellement d’ordre social et économique qui correspondent à des émeutes de la faim. Plus encore, ce sont des émeutes où les gens défavorisés se trouvent exclus du système de développement. A cet égard, il faut se rappeler qu’il y a un dévoiement de la classe politique ».
Alors, on se demande si les slogans « Liberté, chômage, dignité » ont porté leurs fruits aujourd’hui, dix ans après la révolution? A cette interrogation, il répond: « Cette jeunesse n’a pas vu l’accomplissement de ce processus démocratique. Elle se trouve complètement perdue ». Autrement dit, ces jeunes n’ont aucun objectif, voire même aucun espoir.
Avant d’ajouter: « Ces contestations traduisent un grave et profond malaise; au point de risquer l’explosion sociale. Car non seulement le problème est d’ordre économique, mais il est lourdement aggravé par la pandémie. Effectivement, on peut reprocher aux jeunes leur inconscience par rapport au risque sanitaire, mais je crois que pour eux le risque sanitaire est secondaire. »
Et de poursuivre: « Ce sont des émeutes de la faim et non téléguidées par des partis politiques. D’ailleurs, la manifestation d’aujourd’hui est spontanée. Mais, il faut en déduire que le gouvernement a très mal géré la deuxième phase pandémique (absence de transparence, mauvaise gestion…). »
Et de conclure: « Enfin nous avons une classe politique qui ne s’occupe que des problèmes politico-politiciens; tandis qu’il fallait trouver des solutions socio-économiques. Au lieu de cela, le chef du gouvernement annonce un remaniement ministériel qui est le dernier souci des Tunisiens. En somme, cette jeunesse est désœuvrée avec un avenir bouché sans aucune lueur d’espoir. Avec par dessus tout un appauvrissement de la classe moyenne. Et parallèlement, vous avez une classe politique qui veut à tout prix rester au pouvoir. »