Les déclarations de Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la Choura, ont provoqué une grande polémique. Et ce, sur la toile comme parmi les dirigeants politiques. En effet, rappelons que deux dirigeants d’Ennahdha de premier rang Abdelkarim Harouni et Mohamed Goumani, ont appelé les jeunes sympathisants d’Ennahdha à protéger les quartiers contre les fauteurs de trouble.
Ainsi, les propos de Harouni ont provoqué un tollé dans le paysage politique. Dans ce contexte, Mohamed Larbi Jelassi, dirigeant du Courant Démocrate, a accordé une déclaration à leconomistemaghrebin.com. Il souligne: « La réponse du Courant démocrate aux deux déclarations des dirigeants d’Ennahdha est claire. Car tout le monde sait que selon la Constitution, le maintien de l’ordre est l’apanage de l’Etat et des forces armées tunisiennes. Or, un parti politique ne peut en aucun cas contribuer via ses militants au maintien de l’ordre. D’ailleurs, cela ne s’appelle plus des militants, mais des milices. Et je suis inquiet aujourd’hui, dix ans après la révolution, et sept ans après l’adoption de la Constitution, qu’un parti n’ait pas intégré cela. A tel point que deux leaders qui font la même déclaration invitent à s’interroger quant à la nature de ce parti. Lequel se dit intégrer la Constitution et à la vie politique, démocratique, et civile de l’Etat tunisien. »
« Hichem Mechichi doit réagir »
Avant d’ajouter: « Contrairement à Ennahdha, nous n’envisageons pas de répondre autrement que par la pression médiatique et éventuellement une action en justice. Et puis, nous attendons la réaction du chef du gouvernement qui se trouve être aussi le ministre de l’Intérieur par intérim. Car nous considérons l’Ordre public comme important. D’ailleurs, on attend de lui une réaction indépendante de celle d’un chef du gouvernement vis-à-vis de son coussin politique. Et nous espérons qu’il sera à la hauteur de nos attentes. Car c’est lui qui incarne l’exécutif. Et peut être qu’il agira et fera le nécessaire. Cela dit, sur le plan politique et juridique, nous sommes en train d’étudier toutes les possibilités. Aujourd’hui, c’est aux autres partis de faire la différence entre ceux qui veulent un Etat qui nous réunit et seront dans notre camp; et ceux qui pensent que la jeunesse peut se substituer à l’armée et aux forces de l’ordre. Ceux là seront de l’autre côté, en dehors de l’Etat. »
« Ennahdha veut semer le chaos »
Même constat pour Mustapha Ben Ahmed, dirigeant de Tahya Tounes. Il considère lui-aussi que le mouvement Ennahdha garde la même mentalité qu’autrefois. A savoir recourir toujours à la force et à la violence. Il précise dans ce contexte: « La sécurité relève de l’Etat et non d’un parti politique. A cet égard, Ennahdha n’a jamais tiré les leçons du passé. Déjà le 9 avril 2012, le mouvement avait envoyé les Ligues de la protection de la révolution, les fameuses LPR. Et huit ans plus tard, ils veulent procéder de la même manière. D’ailleurs, nous n’allons pas rester les bras croisés. En effet, nous dénonçons via les instances de tels propos qui sont dangereux. Car, une chose est sûre, Ennahdha veut semer le chaos et inciter les gens à la violence et à la terreur. »
Par ailleurs, la toile aussi a réagi en dénonçant ce genre de propos. A ce propos, Mohamed Douagi a posté : « Moi, Mohamed Douagi demande au président de la République Kaïs Saïed et au chef du gouvernement Hichem Mechichi de nous dire qui est responsable de ma protection, de celle de ma famille et des Tunisiens d’une façon générale. Est-ce le rôle de nos forces armées ou des milices d’Ennahdha. Les déclarations de Harouni et Goumani constituent une attaque à l’intégrité du pays et nécessitent vos interventions et celle de la justice. Celui qui est d’accord peut faire le partage en son nom ou avec le texte ci dessus. NON à la destruction de l’Etat! NON à une police parallèle! ET NON aux milices! NOUS NE NOUS TAIRONS JAMAIS! PARTAGEZ ».