Le 46e président américain est entré en fonction mercredi 20 janvier. Joseph Biden remplace Donald Trump et c’est un grand soulagement pour des millions d’Américains et pour la plupart des gouvernements dans le monde.
Un soulagement pour des millions d’Américains, mais une frustration pour des millions d’autres. Une rancœur plutôt que doivent ruminer tous ceux que Trump a réussi à convaincre de ses lubies, de ses caprices et des prétentions fantaisistes concernant « la victoire volée » par les Démocrates.
Trump est parti, mais il a laissé derrière lui une Amérique fortement divisée. Si divisée qu’elle a frôlé la guerre civile. Si déchirée qu’elle a essuyé une humiliation historique le 6 janvier, le jour où des insurgés trumpistes, chauffés à blanc par leur idole, ont envahi le Congrès.
Trump est parti, mais il a laissé derrière lui une Amérique en mauvais termes avec pratiquement le monde entier; à l’exception d’Israël et de trois ou quatre pays dans le Golfe.
Trump est parti, mais il a laissé derrière lui une Amérique fortement affectée par le Covid-19 et qui occupe la première place mondiale en nombre de morts et de contaminations par la pandémie.
Trump est parti, mais il a laissé derrière lui une économie déstabilisée par la pandémie. Des entreprises en faillite par dizaines de milliers et des chômeurs par dizaines de millions. C’est dire la tâche titanesque qui attend le nouveau président.
Malgré son âge avancé (78 ans), Joseph Biden semble déterminé à ne pas perdre de temps. Dès son entrée à la Maison blanche, il a signé « 17 directives » par lesquelles il a annulé des décisions prises par son prédécesseur.
L’exemple de la force et la force de l’exemple
Les trois priorités qui attendent sur le bureau du nouveau président sont la Covid-19, l’économie et la révision des relations avec l’étranger. Concernant le dernier point, le mal fait par l’ancien président est si grand qu’il faut du temps et de l’énergie pour réorienter la lourde machine de la politique étrangère dans le sens voulu par le nouveau président et le parti démocrate.
Il y a certaines décisions faciles à prendre et rapides à mettre en œuvre, comme par exemple le retour des Etats-Unis à l’accord de Paris sur le climat, à l’OMS, à l’UNESCO, à l’UNRWA etc.
Il y en a d’autres que Biden est déterminé à prendre, mais qui sont beaucoup plus complexes et difficiles à mettre en œuvre rapidement. Ce sont les décisions relatives aux dossiers du nucléaire iranien, du conflit israélo-palestinien, de la guerre du Yémen, de la relation avec l’Arabie saoudite et la Turquie etc.
Après avoir prêté serment, le nouveau président a fait un discours dans lequel il affirmé sa détermination à « restaurer le leadership américain dans le monde non pas par l’exemple de la force, mais par la force de l’exemple ».
Il est à craindre qu’il ne s’agisse ici que d’un sophisme relevant de l’art oratoire auquel s’est exercé Biden dans son premier discours. Car tout le monde sait, qu’en politique étrangère, l’Amérique a toujours brillé par l’exemple de sa force plutôt que par la force de son exemple. Un sophisme d’autant moins crédible que M. Biden, du temps où il était sénateur, il avait voté pour la guerre de Bush père en 1991 et pour les guerres de Bush fils en Afghanistan (2001) et en Irak (2003)…
Sans parler de l’Etat profond américain pour qui les intérêts du Complexe militaro-industriel passent avant tout autre chose, y compris la réputation des Etats-Unis dans le monde. Avec Biden à la Maison Blanche, il ne faut donc pas s’attendre à une baisse de l’agressivité de la politique étrangère américaine.
Un troisième mandat Obama?
Certains commentateurs n’ont pas hésité à qualifier le premier mandat de Joseph Biden comme étant « un troisième mandat de Barack Obama ». Cela n’est pas entièrement faux quand on sait que les deux hommes ont travaillé côte à côte pendant huit ans en tant que président et vice-président, de 2008 à 2016.
N’oublions pas que pendant les deux mandats d’Obama, l’Amérique a brillé surtout par l’exemple de sa force orientée principalement contre les pays arabes et musulmans. Obama ne s’est-il pas vanté d’avoir été le président qui a « bombardé sept pays musulmans » ? Dont la Libye évidemment. La déstabilisation de ce pays par la paire Barack Obama-Hillary Clinton a eu des conséquences désastreuses pour l’économie tunisienne…
Cela dit, la priorité des priorités politiques du nouveau président est d’ordre intérieur. Les dégâts causés en Amérique par Trump et la Covid-19 sont si dévastateurs que la nouvelle équipe à la Maison Blanche n’a d’autre choix que d’y travailler jour et nuit. La première priorité étant de s’assurer que les millions de trumpistes, furieux de voir leur idole quitter à contrecœur la Maison Blanche, se calment.
Certes, à défaut d’être présent à la cérémonie de passation du pouvoir, Donald Trump a souhaité « bonne chance » à son successeur. Il a demandé aussi à ses partisans de prier pour que le nouveau président réussisse. Mais il leur a demandé aussi de l’attendre, leur promettant de « revenir d’une manière ou d’une autre »…