La crise épidémique en Tunisie est effrayante. En clair, le taux de contamination ne cesse d’augmenter. Que faut-il penser quand le chef du gouvernement procède à un remaniement ministériel lors d’une situation au bord de l’explosion?
Souhail Alouini, ancien président de la Commission de la Santé au sein de l’ARP souligne pour sa part dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « Je voudrais préciser que la situation est très grave. Il est urgent au jour d’aujourd’hui de réfléchir autrement et de s’unir ensemble pour faire face à la crise sanitaire. La situation exige que tout le monde travaille main dans la main et peut-être aussi être prêt à perdre certains des acquis que nous avons pour ne pas tout perdre dans les mois à venir. Il s’agit d’une réflexion qu’il faut faire très rapidement en dehors de tout ce qui est politique qui une fois de plus ne mène nulle part. »
Avant d’ajouter: « Changer des équipes au ministère de la Santé, je trouve qu’il s’agit à la fois d’une perte de temps et une grave erreur. D’ailleurs, nous n’avons pas le luxe de changer les équipes qui fonctionnent, même s’il y a eu quelques erreurs. J’ajouterais, en outre, peut-être qu’il faudrait les inciter à opérer quelques changements, nommer un ou deux secrétaires d’Etat pour gérer la crise sanitaire. Je pense que le plus important est de garder une équipe ayant connaissance du terrain. Toutefois, la crise n’est pas uniquement sanitaire, car elle inclut tous les secteurs aussi bien sur le plan social qu’économique. Tout le monde est concerné. Et les jours qui viennent seront difficiles pour tout le monde ».
« Ce changement de ministre de la Santé, un mauvais signe »
Même constat pour Sahbi Ben Fraj, cardiologue, qui lui aussi tire la sonnette d’alarme. Il précise dans ce contexte: « Il est inacceptable que durant la crise sanitaire Covid, nous entamions la deuxième année de la pandémie avec la désignation de cinq ministres de la Santé au bout d’une année. Entre Abdellatif Mekki, Sonia Ben Cheikh, ministre des Affaires sociales par intérim, Faouzi Mehdi, et le tout dernier ministre de la Santé Hédi Khairi… ce changement n’augure rien de bon pour la gestion de la crise. D’ailleurs, changer un gouvernement, cela n’aidera jamais à résoudre les problèmes. Les conséquences de cette irrégularité sont lourdes. Ce qui nous amène à la mauvaise gestion des préparatifs de la deuxième vague. Et la raison principale bien évidemment est liée au changement de ministre. D’ailleurs, on ne pourra jamais surmonter une crise pareille sans avoir une synchronisation entre les groupes dirigeants ».
Par ailleurs, Abderraouf Cherif, ancien ministre de la Santé, a mis l’accent sur la situation générale du pays, qui selon lui, a dépassé le secteur de la Santé. Il conclut: « Tout est lié. Avons-nous réglé les problèmes de transport… De ce fait, le problème n’est pas lié au secteur de la Santé, mais c’est toute la gestion du pays qui est en cause. A mon sens, il faut d’autres mesures plus fermes en attendant la vaccination prévue pour le mois de février ».