Des eurodéputés italiens dont Piernicola Pedicini, Groupe des Verts/Alliance libre européenne, et Maria Muscarà, conseillère régionale de Campanie, soutiennent que la responsabilité des déchets italiens, importés illégalement en Tunisie, incombe à cette région (Campanie), qui se trouve au sud de l’Italie.
Ils ont appelé au cours de la semaine écoulée, le gouvernement local de la région, à assumer ses responsabilités dans la restitution des conteneurs de déchets, dont l’envoi en Tunisie constitue une violation flagrante des principes de la Convention de Bâle sur l’exportation des déchets, selon le député de l’ARP, d’Attayar et du Bloc démocrate, Majdi Karbai.
Majdi Karbai a déclaré que «La position des députés européens mettra la pression sur la région italienne de Campanie. Elle mettra aussi la pression sur la société italienne qui a exporté les déchets vers la Tunisie ». Il a confirmé être en contact direct avec les élus italiens au Parlement européen. Le député a expliqué qu’il avait déjà adressé, en novembre dernier, une correspondance concernant le scandale des déchets. Il a expliqué que ceci pourrait accélérer le processus de retour des déchets en Italie.
«C’est la responsabilité de la région de Campanie», ont tenu à clarifier les députés italiens au Parlement européen dans une note citée par le journal en ligne italien «Irpinia 24» du 29 janvier. La réponse de la Commission européenne a abondé dans le même sens mettant en cause les autorités locales, et donc la région de Campanie.
Réponse de la Commission européenne
En réponse à une question sur cette affaire adressée par les députés Piernicola Pedicini, Rosa D’Amato, Ignazio Corrao et soutenue par la conseillère régionale Maria Muscarà, la Commission européenne (CE), a expliqué qu’au niveau européen, le règlement sur les transferts de déchets contient des dispositions détaillées. Il impose aux États membres d’effectuer des contrôles sur les transferts de déchets. Le règlement sanctionne toute infraction aux règles.
«L’application de ces règles relève de la responsabilité des États membres», rappelle la CE. Elle a garanti une vigilance sur les phénomènes de ce type à travers «de nombreuses initiatives contre le trafic illégal de déchets».
«La présence de déchets éliminés illégalement, est un problème qui touche tout le monde ? selon Pedicini et Muscarà.
Ils ont déclaré que « le trafic de déchets qui arrivent en Tunisie d’une entreprise opérant à la «Terra Dei Fuotchi », ou « Terre de Feu », une zone géographique en Campanie, au sud de l’Italie, empoisonnée par des milliers de tonnes de matières toxiques et de déchets enfouis, aura des effets à long terme sur la vie de chacun».
«Continuer à croire que ce qui se passe à l’extérieur de notre cour ne nous concerne pas, c’est une vision à courte vue. À cela, nous ajoutons un avertissement à l’adresse du gouvernement régional responsable de la négligence» selon leurs propos rapportés par le journal. Ils ont aussi expliqué que le procureur de Salerne a lancé une procédure à ce sujet.
Possibilité d’inclure la lutte contre le trafic illicite de déchets dans l’ALECA !
La CE a l’intention d’inclure dans l’accord de libre-échange approfondi et complet (ALECA) avec la Tunisie un chapitre sur le commerce et le développement durable. Il pourrait inclure, entre autres, une coopération en matière de lutte contre le trafic illicite de déchets. Rappelons que l’accord est en cours de négociation depuis 2015.
Le 20 janvier 2021, les délais légaux (90 jours) pour la réexportation des déchets italiens à leur pays d’origine ont expiré. Le FTDES a expliqué que les délais sont fixés par l’article 8 de la convention de Bâle.
Le forum ainsi que le réseau Tunisie verte ont souvent critiqué l’attitude du gouvernement tunisien. Ils ont souligné le silence des autorités tunisiennes par rapport à cette affaire. Ils ont appelé à plusieurs reprises à réexporter les déchets vers leur pays d’origine. Le Forum avait menacé le 21 janvier d’avoir recours à la justice pour défendre les droits environnementaux des Tunisiens. Quant au réseau, il avait déjà évoqué la possibilité de porter l’affaire à l’international
L’importation de déchets de l’Italie, révélé en novembre 2020, a déclenché un scandale en Tunisie. Elle a ainsi provoqué le limogeage du ministre des affaires locales et de l’environnement. La justice tunisienne a procédé à son arrestation, en décembre dernier. L’arrestation a inclus un nombre de cadres du ministère et de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED). A noter que la Justice n’a pas encore statué sur ce dossier.
Quelque 212 conteneurs de déchets italiens demeurent toujours au port de Sousse. De plus, 70 autres conteneurs se trouvent au siège de la société importatrice dans la même ville. Ils y demeurent depuis leur entrée en Tunisie, durant l’été 2020.
Avec TAP