Constatant avec amertume que l’initiative du Dialogue national lancée il y a deux mois par la centrale syndicale n’a pas trouvé d’écho positif; Noureddine Taboubi décrète sa suspension, « en raison des conflits politiques ».
Jamais, au grand jamais l’on a vu Noureddine Taboubi, un homme d’habitude calme et pondéré, prononcer un discours porteur d’une telle charge émotive.
Un constat amer de Taboubi
Car blessé, déçu et amer, l’homme a fini par comprendre que l’initiative de l’Union générale tunisienne du travail, la dernière planche de salut avant le naufrage général, n’intéresse personne.
Ni le président de la République, lequel n’a pas daigné donner suite, en dépit de moult appels de pied. Ni le président de l’ARP, convaincu dans son fort intérieur qu’il appartient au parlement de parrainer cette initiative. Encore moins le chef du gouvernement empêtré dans sa guéguerre avec le locataire du palais de Carthage.
« Petits calculs »
En effet, le patron de la centrale syndicale a fini également par comprendre, qu’à l’image d’un Parlement extrêmement balkanisé, il est quasi impossible de réunir au milieu de la même table Abir Moussi, Makhlouf, Ennahdha et le Courant démocrate. Pour ne parler que de cas extrêmes. Alors, à quoi bon continuer dans cette voie? Quand, dans son ensemble, la classe politique est plus préoccupée par ses petits calculs politiques que par l’intérêt général. Et alors que le pays est au bord du gouffre?
« L’UGTT a fait son devoir envers le pays et a présenté une initiative de Dialogue national au président de la République. Mais elle n’a pas été mise en œuvre ». C’est ce qu’expliquait hier mardi M. Taboubi, dans une déclaration de presse, en marge de la tenue à Gammarth de la commission administrative nationale de l’UGTT.
« Crise d’adolescence »
Cherchait-il à prendre les Tunisiens à témoin? « L’initiative de l’Union générale tunisienne du travail proposée au président de la République pour faire sortir le pays de la crise, est suspendue en raison des conflits politiques ». Ainsi, la suspension de l’initiative dans sa bouche est un aveu qu’elle est mort-née et qu’il faut tourner la page.
A qui la faute? A la classe politique dans son ensemble, accuse le SG de l’UGTT. Car « les problèmes auxquels fait face la Tunisie depuis une décennie, soit depuis la révolution de 2011, sont des problèmes politiques par excellence ».
« L’UGTT n’est pas responsable des choix ratés des institutions de l’Etat, lesquels n’ont rien apporté au peuple tunisien. La centrale syndicale n’est pas responsable des crises d’adolescence dont souffrent les hommes politiques de nos jours », a-t-il martelé. Terrible constat!
Soulignons par ailleurs que les foudres de Noureddine Taboubi se sont abattues sur le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Lequel était accusé de tous les maux à propos de ses propos relatifs à une éventuelle cession d’établissements publics, des « lignes rouges » pour la centrale syndicale.
« Mechichi aurait dû tenir un discours unificateur. Chaque chef du gouvernement entame sa mission d’une manière positive, puis se retrouve entouré par des clans qui créent des tensions futiles ».
« Coalition du Mal »
A l’image de l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, a-t-il poursuivi, Mechichi est entouré « d’un gang mené par la coalition du Mal qui lui dicte ce qu’il fait. On lui a appris des slogans, mais l’UGTT ne fonctionne pas avec les slogans ».
Coalition du mal? Une allusion à peine voilée au « coussin politique » censé soutenir le locataire du palais de la Kasbah et composé d’Ennahdha, de Qalb Tounes et d’Al Karama.
Le parti de Seifeddine Makhlouf, a-t-il déploré, « a exploité sa représentation au Parlement pour en faire une plateforme afin de promouvoir son discours haineux qui vise aussi les piliers de l’État tunisien ».
Rappelons par ailleurs et dans un autre contexte, que la Chambre d’accusation des affaires terroristes a décidé de libérer un trentenaire, lequel publiait un statut sur Facebook, menaçant de mort le SG de la centrale syndicale.
En effet, le jeune homme vient d’être libéré après que Noureddine Taboubi a stoppé les poursuites judiciaires.