Depuis peu, la Tunisie est secouée par une affaire tout à fait inhabituelle, voire même étrange. Elle est relative à des condamnations pour consommation de drogue.
En effet, dans la région du Kef trois jeunes ont été condamnés à 30 ans de prison. Et ce, pour consommation de cannabis, détention de drogue et usage d’un terrain de sport pour la consommation de drogue.
Une sentence qui a suscité par sa sévérité l’indignation en Tunisie et même à l’international. Ce jugement applique pourtant à la lettre les termes de la loi 92-52 relative aux stupéfiants.
Si cette sanction, se veut exemplaire et dissuasive, elle n’en est pas moins contre-productive et disproportionnée par rapport aux faits. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions?
Imaginons que l’on emprisonne une personne pour le simple fait qu’elle soit porteuse d’une maladie. Cette idée est absurde. Car l’unique réponse que l’on puisse apporter à la maladie est d’offrir les soins les plus adéquats.
Or, d’un point de vue scientifique, il s’avère que l’addiction est, quelle que soit la nature de la substance consommée, le patient ou le contexte, une maladie.
De ce fait, sanctionner les personnes présentant des troubles de l’usage de substance, revient à renforcer leurs habitudes de consommation. Tout en les privant de toute possibilité de prise en charge médicale adéquate.
L’addiction est une maladie chronique du cerveau
Car, une simple recherche sur internet permet d’ouvrir les yeux sur cette réalité. L’addiction est bel et bien une maladie chronique du cerveau, face à laquelle tous les individus ne sont pas égaux.
En effet, certains développent la maladie plus rapidement que d’autres. De même que les conséquences médicales, psychologiques et sociales ne sont pas les même pour tous.
Les substances psychoactives agissent sur le cerveau de manière à modifier son fonctionnement. Elles engendrent toutes sortes de changements, notamment comportementaux.
Le fait est que les représentations qui se sont construites autour des addictions, ont amené à condamner les personnes qui en souffrent plutôt que de les aider.
Au final, les appels à modifier la loi 92-52 se sont succédé depuis cette affaire. Car il est temps de répondre à ce problème de santé publique mondial. Et ce, par une approche scientifique et non pas selon les envies ou croyances des uns et des autres.