L’ARP est-elle un levier ou un frein? La question mérite d’être posée en ce moment de crise. N’est-il pas bien approprié que le parlement, qui se dit être le seul « détenteur du pouvoir », ne puisse pas jouer un rôle essentiel pour désamorcer la crise entre les Palais de Carthage et de La Kasbah?
On ne le dira sans doute jamais assez: les questions toutes simples sont toujours les meilleures. Elles permettent de comprendre et même d’analyser correctement le vécu des hommes. Autant dire que lorsque nous posons les questions suivantes, nous avons les réponses idoines. Et notamment concernant l’ARP.
Les voici donc: combien reste-t-il aux actuels membres de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) pour siéger au Palais du Bardo? Serait-ce possible que ces derniers changent de modus operandi? Faut-il ainsi croire qu’ils mettront tous leurs efforts à servir les Tunisiens qui les ont élus plutôt que de se chamailler en permanence? Faut-il croire qu’ils pourraient cesser de nous faire vivre des scènes où le chaos n’est que leur horizon quotidien?
La réponse coule, pour ainsi dire, de source. A moins d’un miracle, pour ceux à qui cela arrive de croire aux miracles, il n’y aura pas de changement. C’est clair, net et précis, comme il arrive aux publicitaires de nous le dire souvent lorsqu’ils veulent nous présenter des évidences. Ainsi, nous avons encore un peu plus de trois ans à vivre le calvaire que nous observons depuis le début de la législature (2019-2024).
Et sans faire de pédantisme, il s’agit aujourd’hui, et pour nous tous, de distinguer ce que les analystes des œuvres littéraires notamment, appellent le réel et la représentation du réel. La représentation du réel étant, et sans entrer dans les détails, que pratiquement les seuls spécialistes maîtrisent, la conception, l’idée que l’on se fait du rôle et du fonctionnement de l’ARP.
Comprenez qu’il faut se rendre à l’évidence que le produit que nous avons réellement sous nos yeux n’est pas de tout point de vue celui auquel les Tunisiens ont aspiré en se rendant aux urnes en octobre 2019.
A moins qu’il ne soit lui-même un protagoniste de la crise!
On pourrait toujours dire que les Tunisiens en sont, en partie, responsables. Dans la mesure où leur vote a donné ce paysage émietté qui ne pouvait que produire le vécu auquel nous assistons depuis.
Reste que toute la question est aujourd’hui de savoir si ce vécu est conforme aux attentes du pays. En somme, l’ARP constitue-t-elle un levier ou plutôt un frein? La crise vécue par le pays depuis que le chef de l’Etat a signifié qu’il refuserait la prestation de serment de quelques ministres choisis par Hichem Mechichi devait favoriser un geste du parlement pour ne pas la laisser perdurer!
Or, jusqu’ici rien. Rien de rien, comme dit une chanson bien connue. De quoi se demander si cela est dans l’ordre des choses de la part d’une structure qui se dit être la vraie « détentrice du pouvoir » en Tunisie!
Ne revenait-il pas à l’ARP de jouer un rôle pour désamorcer la crise? L’ARP ne représente-t-elle pas, du moins, l’essentiel de la classe politique en Tunisie? Et l’initiative ou les appels venant de sa part ne doivent-ils pas être le fait de quelques députés individuels ou émaner d’une seule formation du parlement?
Mais, c’est loin d’être le cas d’une ARP qui reste divisée. Et cela se voit. Avec, pour beaucoup de représentants du peuple, d’un côté ceux qui sont du côté du chef du gouvernement et de l’autre du président de la République. A moins que l’ARP ne soit elle-même un protagoniste de la crise!