Les allusions de l’ancien président Moncef Marzouki sur « l’hostilité des autorités algériennes de l’époque à la révolution tunisienne » ne passent pas à Tunis. D’ailleurs, le ministère des AE et même Ennahdha ont qualifié ces propos « d’irresponsables ».
Moncef Marzouki a encore une fois raté une bonne occasion de se taire. Déjà en décembre 2020, s’affranchissant du devoir de réserve qui incombe à tout ancien président de la République, il prenait parti contre le régime algérien; et ce, dans le conflit du Sahara occidental. S’attirant par la même les foudres de nos voisins algériens, très sourcilleux sur cet épineux dossier.
Certes, les relations algéro-tunisiennes ont beau être au top. Moncef Marzouki trouve toujours le moyen de déclencher la polémique. Et ce, par des propos peu amicaux, pour ne pas dire hostiles à l’égard de l’Algérie.
La bourde de trop de Marzouki
Mais qu’a-t-il sorti encore comme bourde? M. Marzouki laissa entendre que notre grand voisin était à l’époque hostile à la Révolution tunisienne. Et ce, dans une interview accordée il y a deux jours à Al Khaleej, une chaîne satellitaire du Golfe. D’ailleurs, il précise que pour dissiper tout malentendu entre les pays frères, il s’était déplacé à Alger pour rassurer le président Bouteflika que la révolution tunisienne était une affaire « interne ».
« Les autorités algériennes ont combattu la révolution tunisienne. Elles lui ont été hostiles pendant ses premières années. Ce qu’a enduré la révolution tunisienne de la part de l’Algérie n’est pas moindre que ce que lui ont fait subir les Émiratis; même si c’était d’une manière différente ». Ainsi affirmait-il, lors de cette interview.
Voulant adoucir cette grave accusation, Marzouki expliquait, sur son post FB, qu’il visait par ses propos les autorités algériennes et non l’Algérie et son peuple. « J’ai personnellement hissé le drapeau algérien sur le palais de Carthage le 1er novembre 2014 ». Tout en rappelant, à l’occasion, que son propre père a combattu pour l’indépendance de l’Algérie.
Irresponsable
Réponse immédiate et outragée d’Othman Jarandi, le ministre des Affaires étrangères : Il s’empressa de fustiger les « attitudes irresponsables qui n’engagent que leurs auteurs et nullement l’Etat tunisien ».
Ainsi, le ministre réitérait son « profond étonnement face aux déclarations attentatoires à l’Algérie, pays frère »; et ce, dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Il exprime également son « rejet catégorique de toutes tentatives désespérées tendant à porter atteinte à la force et à la profondeur des liens fraternels et des relations stratégiques entre la Tunisie et l’Algérie ».
Mais la réaction la plus inattendue est venue du mouvement Ennahdha dont la proximité avec Moncef Marzouki n’est pas à démontrer.
En vieux renard de la politique et sachant parfaitement le poids du grand voisin algérien sur l’échiquier politique tunisien, Rached Ghannouchi a sauté sur l’occasion. En effet, il a rappelé avec vigueur « les positions de l’Algérie en faveur de la Tunisie »; de même que son « soutien » à l’expérience démocratique dans ce pays.
Ghannouchi monte au créneau
« Le soutien assuré par l’Algérie à la Tunisie lors de notre transition démocratique s’est caractérisé par des dons et des crédits. Et même par les millions d’Algériens qui ont insufflé une dynamique à la vie touristique et économique de notre pays. Aau moment où les pays européens nous ont abandonnés en période de troubles ». C’est ce que déclarait le leader du parti islamiste; et ce, lors d’une entrevue accordée à Radio Algérie internationale (RAI).
Rappelons par ailleurs que Moncef Marzouki n’est pas l’unique haut responsable tunisien à vouloir envenimer les relations avec nos amis algériens.
Puisque, en décembre dernier, l’ancien chef de la diplomatie tunisienne, Ahmed Ounais, s’était attaqué gratuitement aux autorités algériennes. Il les accusait d’être « impliquées dans la division du Maghreb et d’avoir poussé le Maroc à normaliser ses relations avec Israël ». Rien que ça!
Rien d’étonnant de la part de cet ex- ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition qui faisait la courbette à Michèle Alliot-Marie. Sachant que cette dernière proposait le savoir- faire français pour mater émeutes sociales post révolutionnaires.
« Parler à côté de Michèle Alliot-Marie, c’est pour moi un honneur. C’était peut-être un petit rêve que je faisais. Et que l’histoire ou l’accélération de l’histoire m’a permis de réaliser », précisait-il.
Des propos qui sont restés en travers de la gorge de tout un peuple.