Certes, la croissance économique dépend largement des ressources énergétiques. La majorité des secteurs économiques, notamment concurrentiels, utilisent les ressources d’énergie primaire. L’observation de l’évolution de la demande énergétique aide donc à mieux comprendre le poids des énergies dans l’économie. La baisse de la demande énergétique (pétrole, gaz et électricité) est l’un des signes de la faiblesse et du ralentissement de l’activité économique.
Pour mesurer l’impact de la Covid-19 sur la demande de l’énergie, l’Observatoire national de l’énergie et des mines a, dans son rapport mensuel du mois de décembre 2020, présenté la variation de la consommation mensuelle et cumulée d’énergie primaire en 2020, par rapport à 2019.
En effet, l’observatoire a constaté que la demande est restée presque stable durant les deux premiers mois de 2020 et qu’elle a baissé de 40% durant le mois d’avril 2020. Par contre, durant le mois de juin 2020, l’observatoire a constaté que la variation de la demande a enregistré une légère augmentation de 3%. Et elle s’est orientée depuis vers la baisse pour atteindre courant le mois de novembre et décembre une diminution respective de 4% et 0,5%. Ce qui a engendré une baisse cumulée de 7% en 2020 par rapport à 2019.
Pour rappel, le gouvernement a commencé à prendre progressivement un ensemble de mesures pour limiter la propagation de la pandémie de Covid-19 à partir de mi-mars; notamment le confinement total, à partir du 22 mars 2020.
Puis, un dé-confinement progressif en trois étapes a commencé à partir du 04 mai 2020. La première étape s’est étalée du 4 au 24 mai, la deuxième du 24 mai au 4 juin. Tandis que la troisième a commencé le 4 juin et a pris fin le 14 du même mois.
Durant la deuxième vague, le gouvernement a ajusté sa politique de lutte contre le virus. En adoptant un ensemble de mesures progressives, à partir de fin septembre 2020. Et ce, pour endiguer la pandémie, en limitant l’impact sur l’économie du pays.
Léger changement de la structure de la demande
En Tunisie, la demande d’énergie primaire a baissé en volume de 7% entre 2019 et 2020 pour passer de 9.7 Mtep à 9.1 Mtep. La demande de gaz naturel a baissé de 5% et celle des produits pétroliers de 8%.
La structure de la demande d’énergie primaire a enregistré un léger changement. En effet, la demande des produits pétroliers est passée de 47% à fin décembre 2019 à 46% à fin décembre 2020. Le gaz naturel, qui représente 52.5% à fin décembre 2019, a enregistré une légère hausse à 53.4% à fin décembre 2020.
Le taux d’indépendance énergétique représente le ratio des ressources d’énergie primaire par la consommation primaire. Il s’est situé à 43% à fin décembre 2020; contre 41% à fin décembre 2019. Alors que, sans comptabilisation de la redevance, le taux d’indépendance énergétique se limiterait à 38% durant 2020 contre 36% durant 2019.
Les importations des produits pétroliers ont diminué par rapport à la même période de l’année précédente de 19% en quantité et de 46% en valeur.
Les achats tunisiens du gaz algérien ont baissé de 10% entre 2019 et 2020, pour se situer à 2793 ktep et ceci à cause, selon l’observatoire, du ralentissement économique ainsi que la hausse des ressources disponibles. Notons que les achats ont baissé en cumul, en avril, pour la première fois en 2020, à cause de la pandémie de coronavirus. Néanmoins, même si les quantités importées étaient en hausse auparavant, le taux d’évolution a commencé à baisser à partir du mois de février 2020.
Ainsi les achats ont passé d’une hausse de 12% en janvier 2020, à 10% à fin février, puis à 5% à fin mars 2020; pour baisser de 7% à fin avril et continuer sur cette tendance baissière, atteignant 10% à fin décembre 2020. D’ailleurs, les achats ont baissé courant le mois de décembre 2020 par rapport à décembre 2019 de 33%.
Tendance baissières tous azimuts!
La structure de la demande nationale de produits pétroliers confirme aussi le ralentissement de l’activité économique enregistré entre 2019 et 2020; soit une baisse de 8% pour se situer à 4195 ktep.
Cette baisse est due principalement aux mesures prises par le gouvernement. Et notamment le confinement total à partir du 22 mars 2020 pour limiter la propagation de la pandémie Covid-19. La baisse de la demande de gasoil atteint 6%, du jet de 66% et du fuel de 11%.
La consommation de carburants routiers a, quant à elle, diminué, en 2020, de 5% par rapport à 2019. Elle représente 64% de la consommation totale des produits pétroliers. Elle a enregistré une hausse de plus de 3% courant les deux derniers mois de 2020.
La consommation de coke de pétrole a diminué de 2% entre 2019 et 2020. Ce produit est utilisé exclusivement par les cimenteries qui ont arrêté leurs activités depuis le début de confinement. Une reprise de l’activité a été observée à partir de la dernière semaine du mois d’avril 2020.
Fort ralentissement des activités de secteur du transport aérien
D’autre part, la consommation de jet aviation a enregistré une diminution importante de 66% durant 2020; et ce, par rapport à la même période de l’année précédente. Elle a baissé de 60% courant le mois de décembre 2020 à cause du ralentissement des activités du secteur du transport aérien. Lesquelles subissent de plein fouet les répercussions de la pandémie de Covid-19. Par contre, le jet a continué sa tendance baissière de -60% courant décembre 2020 à cause de ralentissement des activités de transport d’aviation dans le monde vue l’épidémie Covid-19.
La demande totale de gaz naturel a enregistré une diminution de 5% entre 2019 et 2020, pour se situer à 4849 ktep. Pour la production électrique, la demande a enregistré une légère diminution de 2%. Celle pour la consommation finale a diminué, par contre, de 13%. La demande a enregistré une baisse à partir du mois de mars 2020 suite au ralentissement de certaines activités économiques après une période de confinement total puis partiel.
Courant le mois de décembre 2020, la demande a enregistré une baisse de 2%. La demande pour la production électrique a baissé de 4%, alors que celle pour les usages finaux a enregistré une légère hausse de 1%. Pour les usages finaux (hors production électrique), la demande de gaz naturel a connu une diminution de 13% pour se situer à 1294 ktep. La demande des clients moyenne et basse pression a diminué de 8% et celle des clients haute pression de 30%.
La diminution au niveau des clients MP-BP a commencé depuis le début de l’année. Elle est due essentiellement aux températures relativement douces enregistrées courant les deux premiers mois de 2020 par rapport à la même période de l’année précédente. Et aussi à la baisse des activités économiques courant le mois de mars, avril et mai 2020 (essentiellement pour la moyenne pression).
Production électrique
Une reprise a été observée à partir du mois de juin 2020 avec une hausse de 7% de la demande des usages finaux, tirée surtout par la demande MP et BP. La consommation spécifique globale des moyens de production électrique (STEG+IPP) a enregistré une quasi stabilité entre 2019 et 2020 à 214.5 tep/GWh. D’ailleurs, la production d’électricité à partir du gaz naturel a enregistré une diminution de 2% et la demande en gaz naturel du secteur électrique a enregistré, elle aussi, une diminution de 2%.
L’Observatoire de l’énergie et des mines a noté une stabilité à 66% de la part des cycles combinés dans la production électrique entre 2020 et 2019. Les ventes d’électricité ont enregistré une baisse de 6% entre 2019 et 2020. Les ventes des clients de la haute tension ont enregistré une baisse de 7% et 9% pour celles des clients de la moyenne tension. Notons que les industriels restent les plus grands consommateurs d’électricité avec 61% de la totalité de la demande des clients HT&MT durant l’année 2020.