Le réalisateur palestinien Mohammed Bakri du documentaire «Jenin Jenin» entend saisir la Haute Cour de Justice israélienne pour se prononcer dans l’affaire de son film documentaire.
Depuis la sortie de son film, «Jenin Jenin». il y a près de 19 ans, une bataille judiciaire dans les coulisses des tribunaux israéliens oppose le réalisateur aux parties plaignantes. Après trois projections, les autorités israéliennes avaient, en 2002, censuré le film sur avis de l’Office du cinéma israélien voulant interdire sa diffusion.
Le recours du réalisateur, auprès de la Cours suprême, lui a donné, en 2004, gain de cause en autorisant la projection de son film.
Mohammed Bakri est toujours au cœur de ce long contentieux autour de « Jenin Jenin». Le Cinéma Rio à Tunis a organisé, vendredi, un débat, en guise de solidarité avec le réalisateur de ce documentaire (54′) lauréat du meilleur long métrage des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) 2002.
Accusé de masquer certains faits dans les évènements de 2002 au Camp de Jénine en Cisjordanie, le réalisateur a été condamné, mi janvier 2021, par un tribunal israélien.
La Cour a ainsi décidé l’interdiction du documentaire dans le pays et ordonné la confiscation de toutes les copies sur le marché avec sa suspension de la chaine You tube. La partie plaignante, un ancien militaire, réclame dédommages et intérêts de la part du réalisateur et l’accuse de diffamation.
A ce sujet, le réalisateur a dévoilé la prochaine démarche pour récupérer ses droits. Il dit avoir engagé « trois avocats dont deux juifs israéliens qui porteront l’affaire devant le Haut Tribunal de Justice israélien ». Il prévoit une rencontre, ce dimanche 21 février, avec trois avocats en vue d’examiner les issues possibles pour cette affaire en prévision de son transfert auprès des autorités judiciaires compétentes.
Le réalisateur a exprimé sa gratitude pour ce geste de solidarité, dans l’espoir de pouvoir lever le blocus imposé sur le film. «Un soutien moral est tout ce dont j’ai besoin actuellement », a-t-il précisé, se disant « reconnaissant pour la générosité des Tunisiens et cet élan de solidarité qui ne leur est pas étrange ».
Le réalisateur a rappelé le soutien de la Tunisie à la Cause palestinienne qui avait abrité dans les années 80 le siège de l’OLP.
Bakri a fait part de son espoir d’avoir la nationalité Tunisienne et sollicité l’intervention du président Kais Saied en vue de lui faciliter sa requête d’un passeport tunisien. Il a dit aussi avoir présenté une demande d’Asile auprès de la Présidence de la République, à l’époque du président disparu Beji Caid Essebsi.
Ce natif des Territoires occupées est réalisateur, acteur et producteur qui jouit d’une notoriété. Il est l’une des figures emblématiques du paysage cinématographique qui représentent le mieux leur pays et sa cause juste.
« Jenin Jenin », du tournage au montage
Le réalisateur dit avoir entamé la réalisation de son documentaire sans financements. Il était habité, corps et âme, par une aventure au péril de sa vie. Le tournage qui a duré 5 jours, avait eu lieu dans des conditions assez difficiles.
Sans plan de travail ni scénario, Bakri avait un projet qui ne dispose pas des conditions préalables pour la réalisation d’un film. Accompagné d’un photographe, il s’est infiltré à l’intérieur du Camp, encerclé par les militaires et leurs chars. Il leur a fallu près de 6 heures pour parcourir en voiture une distance d’une demi-heure, en temps normal.
La postproduction du documentaire s’est passée dans la Capitale italienne, Rome où le montage a été fait par un Tunisien, Faycel Hassayri. Au bout de deux mois, il a fini le montage de son documentaire.
Le réalisateur a parlé de son choix de braquer la lumière sur les violations commises par les forces israéliennes lors de l’invasion, en 2002, du camp de Jénine. Il rapporte les témoignages des habitants du camp et leur traumatisme de ce qu’ils qualifient de massacre et de graves violations perpétrés par la partie israélienne.
Avec TAP