Vous en avez certainement entendu parler: une correspondance adressée par un député à la présidence de l’ARP aurait été « égarée ». Une correspondance qui s’est perdue dans ce qui représente le centre vital de la politique tunisienne; selon son président.
On ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Voici du reste l’affaire: le député d’Attayar, Nabil Hajji, s’est fait répondre que le courrier qu’il avait déposé, le 15 janvier 2021, à la présidence du parlement, et dans lequel il réclamait la liste des membres de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) concernés par une levée d’immunité, s’était « égaré » ! (Voir son Post du 18 février 2021 sur les réseaux sociaux).
L’information vaut bien le détour. Dans la mesure où elle lève le voile sur un dysfonctionnement qui concerne le « centre du pouvoir » dans notre pays. Dixit son président, Rached Ghannouchi, qui plaide, comme on le sait, pour un régime parlementaire. Il l’affirmait d’ailleurs clairement dans une interview réalisée, le 3 février 2021, avec un compatriote résidant aux Amériques; par le biais d’une application sur Internet.
Que dire alors du fonctionnement du courrier dans des structures moins « centrales » que l’ARP? Un courrier dont le traitement et l’organisation sont d’une première importance dans toute structure, même à l’heure du numérique. C’est du moins ce que nous enseignent les manuels de gestion qui nous disent que « la bonne marche d’une structure dépend de sa capacité à être efficace dans le tri, la distribution et l’expédition du courrier ».
Est-ce donc un de ces signes révélateurs de la perte de vitesse du service public depuis le 14 janvier 2011? Certains décrivent cela comme étant une réalité que personne ne peut nier. Une administration que des responsables disent même être gagnée par l’absentéisme et le laisser-aller!
Des jours sans
Faut-il prendre cependant pour argent comptant la version qui a été présentée par un responsable au niveau de l’ARP à Nabil Hajji? Et ce, après qu’on lui a signifié d’abord n’avoir rien reçu! Force est de reconnaitre que ce n’est pas aussi facile que cela. Car, il est on ne peut plus étonnant que la machine se grippe chaque fois que le sujet semble quelque part sensible. L’on a effectivement le sentiment que tout cela ne tourne pas en rond. Car des dysfonctionnements quasi surréalistes apparaissent souvent en pareil cas.
Que voulez-vous, il est des moments où les choses rappellent ce qu’on appelle des jours sans. L’épisode de la correspondance de l’ARP ne nous fait-il pas songer à un autre? Lorsque le Congrès Pour la République (CPR), le parti qui a combattu fermement la dictature de l’ancien président Ben Ali, dont les méthodes, dit-il, ne sont pas orthodoxes et loin d’être transparentes, a perdu les cahiers des comptes relatifs aux dépenses de l’élection de la Constituante du 23 octobre 2011. L’affaire aurait concerné, tout de même, la coquette somme de 148 000 dinars.
Il est vrai que nous vivons à l’ère de la post-vérité (« situation dans laquelle il est donné plus d’importance aux émotions et aux opinions qu’à la réalité des faits »). Mais n’est-ce pas un peu trop?