L’agence de notation américaine Moody’s a abaissé mardi 23 février la note souveraine de la Tunisie de B2 à B3. Tout en maintenant les perspectives de cette notation à « négatives ». Ce qui fait peser de sérieuses menaces sur les capacités de financement extérieur de la Tunisie, dont la note est menacée. Que peut-on en déduire?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon en Inde et en Corée, a accordé une déclaration à leconomistemaghrebin.com. Selon lui: « Le déclassement de la note souveraine de la Tunisie pour la huitième fois depuis le 14 janvier 2011 rendra très onéreux les emprunts auprès des institutions financières internationales. »
En effet, Elyes Kasri considère que « les jeux politiques infantiles, les tiraillements au sein de l’appareil exécutif et avec le législatif, ainsi que l’absence de politique économique pourraient bien justifier un déclassement supplémentaire de la note souveraine de la Tunisie dans les mois à venir. Ce qui priverait la Tunisie d’opportunités de mobilisation des ressources budgétaires nécessaires au fonctionnement de l’Etat et au remboursement de sa dette extérieure ».
Elyes Kasri: « La Tunisie risque de se retrouver au célèbre Club de Paris »
Il ajoute: « Après avoir accueilli le Club Med, la Tunisie risque de se retrouver au tristement célèbre Club de Paris. Lequel pourrait jouer un rôle similaire à celui de la Commission financière internationale pour la gestion de la dette tunisienne (1869) qui a été le prélude de l’occupation française après une période ne dépassant pas douze ans. Il est indéniable que la classe politique de la révolution de la liberté et de la dignité n’a fait qu’enfoncer le pays dans le marasme et la faillite sociale et économique. »
Et de poursuivre: « En guise de la liberté, le peuple peut choisir entre la faim, le chômage ou l’exil. Tandis qu’en guise de dignité, le peuple tunisien semble s’habituer progressivement à la dépendance et à l’inféodation a des puissances, donateurs et créanciers étrangers. »
De ce fait, Elyes Kasri se demande s’il y a une possibilité de sursaut collectif et de sauvetage du pays, avant qu’il ne soit trop tard? En d’autres termes, y a-t-il un pilote dans l’avion?
Quant à la diplomatie économique, l’ancien diplomate s’interroge sur le bien-fondé et l’utilité des rencontres des présidents de la République et du Parlement avec les ambassadeurs américain et européens.