Les autorités algériennes motivent leur décision de fermer leurs frontières terrestres avec la Tunisie par l’apparition chez nous d’une nouvelle souche locale de coronavirus. Davantage de clarté et de transparence de la part du ministère tunisien de la Santé aurait pu éviter des déboires fâcheux avec notre grand voisin l’Algérie.
D’une manière inopinée, les autorités algériennes ont subitement fermé mardi soir, 23 février 2021, tous les points de passage terrestres avec la Tunisie. Tout en suspendant la livraison des autorisations spéciales de passage. Une décision de l’Algérie qui a en a surpris plus, d’un surtout qu’elle a été prise d’une façon unilatérale.
Inquiétudes
D’autant plus que le président Kaïs Saïed entretient des rapports privilégiés avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Ainsi, le dernier entretien entre les deux hommes était en rapport avec la mystérieuse affaire de la correspondance suspecte adressée au palais de Carthage. Sans oublier la « promesse » de l’Algérie de partager une quantité de vaccins sous forme de don. Un geste, hélas, qui n’a pas eu de suite mais qui mettait quand même du baume au cœur des Tunisiens.
Alors, s’agit-il, selon les rumeurs qui circulaient dans la rue tunisienne d’un coup de froid entre Tunis et Alger? D’une menace terroriste qui plane sur nos frontières communes?
Mesures préventives
Fort heureusement, on a su par la suite que cette décision concerne tous les pays limitrophes de notre grand voisin algérien. Et qu’elle a été motivée par l’apparition en Tunisie d’une nouvelle souche locale de coronavirus.
A noter à cet égard que la place de Nord-Hilton a réagi le même jour. En indiquant dans un communiqué explicatif que la partie algérienne avait assuré que cette mesure s’inscrivait dans le renforcement des mesures préventives prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid-19.
« Cette décision ne concerne donc pas uniquement la Tunisie; mais s’applique à l’ensemble des pays, notamment ceux qui partagent des frontières avec l’Algérie ». C’est ce qu’indiquait la même source. En ajoutant que des contacts diplomatiques ont été menés avec Alger pour assurer le suivi des cas humains et urgents.
Pour leur part, les autorités algériennes ont affirmé que le durcissement des mesures de fermeture de leurs frontières a été dicté par la « politique préventive » adoptée, en vue de prévenir la propagation du coronavirus.
« Cette disposition concerne l’ensemble des frontières algériennes, et tous les arrivants de différents pays du monde », souligne la même source.
Deux cas suspects
Pour rappel, le directeur général de la Santé, Faycel Ben Salah, a souligné lors d’une conférence de presse, samedi 20 février au siège du ministère de la Santé, que deux personnes ont été testées positives à un nouveau variant du Covid-19 dans le gouvernorat de Tunis. Lequel variant présente quelques similarités avec les souches britanniques et sud-africaines.
De même, l’opération de séquençage et d’identification se poursuivait conformément aux recommandations en vigueur. « Les résultats préliminaires des analyses n’avaient pas montré une dangerosité particulière de cette version mutée à partir de la souche britannique du virus », affirmait la même source.
Se voulant rassurant, Hechmi Louzir, le directeur de l’Institut Pasteur et membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus, vient d’annoncer au moins deux cas de cette nouvelle souche détectée à la Marsa et au Bardo. « L’un des deux cas concerne un septuagénaire atteint de maladies cardiovasculaires et de diabète ». Et qu’en est-il de l’autre cas?
Le deuxième cas, selon une information citée par le site français Le Courrier de l’Atlas, concerne un jeune homme âgé de 17 ans à Oued Ellil, gouvernorat de la Manouba; sans que ce dernier ne présente de symptômes.
Manque de transparence
Que nous cache-t-on? Avouons que les informations embarrassées diffusées au compte-gouttes par les autorités médicales sur la nouvelle souche tunisienne du coronavirus ont de quoi susciter les inquiétudes de nos voisins qui déplorent à ce jour 2 967décès. Un décompte funèbre assez léger en comparaison du chiffre morbide de 7 843 décès enregistrés en Tunisie. Alors que les Algériens sont trois fois plus nombreux que nous!
En conclusion, l’absence d’une politique de transparence totale sur le nouveau variant local de coronavirus a eu pour conséquence fâcheuse la fermeture des frontières avec nos voisins algériens. Une décision somme toute motivée par des inquiétudes justifiées et compréhensibles.