Il aura fallu un coup de fil de la part de Hichem Mechichi au président de la République pour le féliciter d’avoir obtenu le report de l’exécution d’un citoyen tunisien au Qatar, pour que les deux hommes reprennent le chemin du dialogue. Avec, à la clé, une probable rencontre au début de la semaine prochaine. Il était temps.
Enfin, une lueur d’espoir au bout du tunnel. Tout porte à croire que les deux hommes, qui ne se sont pas parlé de vive voix depuis presque un mois, vont reprendre le chemin du dialogue. Ainsi, le président de la République et son chef du gouvernement devrait se rapprocher.
En effet, selon Mosaïque FM, une radio locale généralement bien informée, une rencontre entre le président de la République, Kaïs Saïed et son chef du gouvernement, Hichem Mechichi, pourrait avoir lieu. Et ce, au début de la semaine prochaine, précisément lundi prochain.
Des défis insurmontables entre le Président et H. Mechichi
Au cours de cette rencontre tant attendue et espérée, afin de faire sortir le pays de la crise étouffante qui l’engloutit, toutes les questions majeures seront sur la table. Notamment le déblocage du long feuilleton du remaniement ministériel. De même que l’initiative de la centrale syndicale sur le Dialogue national, sous l’égide de la présidence de la République. Mais surtout, le sauvetage de ce qui reste des meubles. Et ce, suite à la terrible dégradation par Moody’s de la note souveraine de la Tunisie à B3 avec perspective négative. Un coup de massue!
Gestes d’apaisement
Les locataires du palais de Carthage et de la Kasbah ont-ils enfin pris conscience de la gravité de la situation? Ont-ils réussi à surmonter leur égo surdimensionné? En décidant enfin de tourner la page d’un litige, certes politique, institutionnel, constitutionnel mais également personnel? L’avenir nous le dira.
Cependant, avouons quand même que dans cette guéguerre qui a trop duré, Hichem Méchichi, coincé littéralement entre Carthage et Montplaisir, faisait tout pour éviter un passage en force dans l’affaire de la prestation de serment des nouveaux ministres. Laquelle fut boycottée par l’ombrageux Président. Ainsi, le locataire du palais de la Kasbah a multiplié les appels du pied et les gestes d’apaisement. Face à un homme aux convictions inébranlables, ferme dans ses positions et droit dans ses bottes.
Le déclic
Fort heureusement, il aura suffi d’un petit geste pour que la glace fonde. Comme quoi, les petits détails anodins peuvent changer le cours de l’Histoire.
Car, il a fallu un entretien téléphonique, hier jeudi, entre le chef de l’Etat et Hichem Mechichi pour que ce « miracle » se réalise.
En effet, Mechichi a caressé Kaïs Saïed dans le sens du poil pour avoir obtenu le report de l’exécution d’un citoyen tunisien au Qatar. En, « saluant ses efforts continus pour protéger les intérêts des Tunisiens, à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». Et en mettant également en exergue « sa défense de principe du droit sacré à la vie ».
Effectivement, rappelons que la Présidence de la République annonçait, dans la soirée de mercredi dernier, que l’Emir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, avait répondu favorablement à l’appel du chef d’Etat, Kaïs Saïed. Et ce, quant à l’annulation de la condamnation à mort du citoyen tunisien Fakhri Landolsi.
En vérité, il ne s’agit pas d’une « annulation », mais du report de l’exécution du Tunisien. Laquelle devait avoir lieu jeudi 25 février 2021 et a été reportée au 1er mai 2021. Avec un éventuel remplacement de la peine de mort par une autre sanction. Nuance.
Sachant que Fakhri Landolsi, 26 ans, est accusé d’allégeance à l’organisation terroriste Daech. Et d’avoir participé à des opérations ayant notamment coûté la vie à un soldat qatari d’origine somalienne en 2017. Des accusations qu’il a toujours farouchement rejetées.
Enfin, notons que de nombreuses personnalités sont intervenues auprès des autorités qataries pour plaider un report de peine. Parmi lesquelles figurent: l’ancien président Moncef Marzouki; le président de l’ARP, Rached Ghannouchi; l’ancien ministre des Affaires Etrangères Rafik Abdessalem; et l’ambassadeur du Qatar à Tunis.