La plateforme « Hannibal » a été inaugurée jeudi à Tunis. Elle est dédiée aux échanges d’informations en temps réel à des fins de contrôle des flux physiques de billets de banque étrangers, à travers le territoire tunisien. En effet, ce projet permettra d’avoir une idée précise sur la valeur totale des devises importées et non régularisées. Et ce, conformément à la réglementation des changes en vigueur.
« Cette plateforme a été élaborée en utilisant la technique de Blockchain. Elle est le fruit d’une coordination et d’une coopération entre: la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), relevant de la Banque centrale de Tunisie (BCT); les services du ministère de l’Intérieur; la Douane Tunisienne; les banques de la place; la Poste tunisienne; ainsi que les bureaux de change ». C’est ce qu’indiquait le Gouverneur de la BCT Marouane Abbassi, lors d’une réunion, jeudi, à Tunis.
Ainsi, le gouverneur de la BCT soulignait que l’importance est d’atteindre les résultats attendus de l’utilisation de cette plateforme. De même, il faisait remarquer que ce type d’instruments ne peut fonctionner que s’il y a un partage d’informations entre les différents intervenants. Et ce, tout en respectant le protocole de collaboration.
« Plus nous nous intégrons avec nos correspondants, plus nous sommes capables de mieux fonctionner. Par conséquent, nous assurons la vigilance requise par rapport aux risques », insistait M. Abbasi.
Tunisie – UE : un partenariat renforcé
De son côté l’Ambassadeur de l’UE en Tunisie, Marcus Cornaro, s’est dit réjoui de voir les résultats de la coopération conjointe pour lutter contre le blanchiment d’argent. Coopération pour laquelle l’UE a accordé un soutien financier par le biais du programme d’appui dans le domaine de la sécurité, mené ensemble par l’UE et la Tunisie.
« Malgré le placement de la Tunisie sur la liste des pays tiers à haut risque en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme; elle a gagné en terme de réputation positive. Et ce, grâce à sa rapidité et sa sincérité. Elle a pu ainsi sortir de cette liste ». C’est ce qu’avançait l’ambassadeur de l’UE en Tunisie.
En outre, il soulignait que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sont des menaces mondiales que l’UE est déterminée à combattre avec ses partenaires internationaux. Il exprimait, à cet égard, sa fierté de voir un partenariat très fort renforcé avec la Tunisie en la matière.
Une première expérience dans le réseau de blockchain
Par ailleurs, les intervenants à cette réunion insistaient sur l’importance de cette solution. En effet, celle-ci constitue une première expérience dans le réseau de blockchain. Et notamment pour améliorer la situation aussi bien économique que sociale du pays. En faisant face à la fuite des liquidités vers le marché informel, dont souffre le système bancaire ces dernières années; ainsi qu’au blanchiment d’argent et à la contrebande.
Car, rappelons que selon le dernier rapport d’activité de la CTAF (2018/2019), les investigations sur les fonds non apurés par une intégration dans le système bancaire ou par une réexportation révéleront leur utilisation dans le financement des activités illicites.
Enfin, l’origine des fonds, l’identité des passeurs titulaires de déclarations en douane et les destinations privilégiées desdits fonds seront également déterminés par cette plateforme.
Parallèlement, la plateforme Hannibal devrait permettre d’estimer le risque global lié au transport transfrontalier du cash. En se fondant sur le principe de l’approche basée sur les risques. Ce qui permettra de proposer des mesures pour atténuer davantage les risques BA/FT (blanchiment d’argent et financement du terrorisme). Et affiner la coopération en la matière avec les autorités chargées de l’application de la loi et le secteur privé.
A l’origine de ce projet, une enquête de terrain, dénommée opération Hannibal, menée par la CTAF, durant l’année 2014, a fait ressortir que 42% des devises étrangères ne sont pas intégrées dans le circuit financier formel. L’objectif recherché est d’identifier les menaces et d’évaluer les vulnérabilités en relation avec le transport physique frontalier du cash.
Avec TAP