Alors même que la campagne nationale de vaccination n’a pas été lancée et avant que les lots de vaccin ne soient encore parvenus à la population, des hommes politiques, et non des moindres, auraient été vaccinés. De simples rumeurs concernant nos élites politiques?
Tous pourris? Pourquoi certaines de nos élites politiques nous renvoient-elles l’image d’une caste dorée vivant sur une autre planète, en rupture totale avec les préoccupations réelles des petites gens?
Sentiment d’injustice
Car, il faut être aveugle pour ne pas humer le sentiment d’injustice qui ne cesse d’enfler chez nos compatriotes. Quand ils voient nos élites politiques braver ostentatoirement les restrictions sanitaires les plus élémentaires. Alors qu’on impose aux citoyens un couvre-feu strict et des sanctions en cas de non respect de déplacements entre les gouvernorats. Sans parler des cafés et restaurants qu’on oblige à fermer à partir de 19h. Privant ainsi ces malheureux de leur gagne-pain. Et ce, sans compensation aucune.
La loi bafouée
Et que voit-on? Un imposant rassemblement dimanche 21 février à Sousse. Suivi par une marche organisée par Ennahdha à peine une semaine plus tard. Où des centaines de bus ont drainé une foule de supporters venus des quatre coins de la République. Et qu’en est-il des consignes « strictes » interdisant la circulation des personnes et des véhicules entre les gouvernorats?
Ainsi, il semble évident aux yeux de tous que les grands partis, notamment ceux au pouvoir, peuvent circuler à leur guise et braver ouvertement la loi. En toute impunité. D’autant plus que « la Longue Marche » de l’avenue Habib Bourguiba était destinée, sans rire, à défendre « la démocratie, la Constitution et le révolution ». En parallèle, à soutenir le chef du Gouvernement Hichem Mechichi; et surtout à narguer le président de la République.
Pour revenir à cette fameuse marche « massive » au cœur de la capitale et retransmise en direct. Tout le monde a remarqué que la plupart des manifestants ne portait pas le masque ou le posait négligemment sur le menton. Y compris les hommes politiques et les députés appartenant au parti islamique d’Ennahdha. Seraient-ils vaccinés contre le coronavirus?
Soupçons
« Certains députés ont été vaccinés, selon ce que m’a confirmé un collègue au moment où d’autres députés ont nié cette information ». C’est ce qu’indiquait Ayachi Zammel, le président de la Commission de la Santé, lors de son passage hier mercredi dans Midi Show.
L’invité de l’émission culte de Mosaïque FM a fait également savoir que le président du Parlement, Rached Ghannouchi, qui d’ordinaire applique « scrupuleusement » les mesures de prévention sanitaire et qui a « la hantise de la maladie et insistait pour ne jamais enlever son masque quand il était à l’Assemblée » a serré des milliers de mains et embrassé autant de personnes. Et ce, lors de sa participation à la manifestation d’Ennahdha, samedi dernier. « Cette attitude a suscité beaucoup d’interrogations relatives à la question de la vaccination de certaines personnalités politiques en Tunisie ».
Et de conclure: « Ghannouchi ne portait plus de masque et se tenait très proche des manifestants. Nous avons ce jour-là eu la certitude qu’il a été vacciné. »
Sachant que le conseiller média du président de l’ARP, Wassim Khadhraoui, a catégoriquement démenti « les rumeurs circulant concernant Rached Ghannouchi ». En affirmant « qu’il n’a reçu aucun vaccin anti covid-19 ni pour lui, ni au profit des députés ».
Quid du chef de l’Etat?
Faut-il rappeler à ce propos que la présidence de la République n’est pas en reste dans cette mystérieuse affaire. Le locataire du palais de Carthage et ses proches collaborateurs ont-ils été à leur tour vaccinés?
La présidence de la République a confirmé avoir reçu un don de mille doses de vaccins chinois de la part des Emirats; niant toutefois les avoir utilisées. Mais pourquoi avoir caché ce don, lequel date de fin octobre 2020?
Des interrogations qui, par manque de transparence, jettent une ombre de suspicion sur l’ensemble de la classe politique. Et notamment sur nos dirigeants au sommet de l’Etat. Ainsi, ces privilégiés auraient été vaccinés avant le lancement de la campagne nationale de vaccination. Et alors que les lots de vaccins ne sont pas encore parvenus aux citoyens tunisiens.
Si cela était le cas, ce serait une entorse à l’éthique et au principe même de l’égalité républicaine.