La Tunisie traverse un blocage politique : le projet de remaniement ministériel du chef du gouvernement n’a pas été ratifié par le président de la République. Celui-ci refuse que les onze nouveaux ministres prêtent serment. Affirmant que des soupçons de corruption pèsent sur certains d’entre eux.
Au-delà du motif invoqué, le président de la République a pris acte de la mutation de la nature de l’équipe gouvernementale. En effet, le ministère formé par des technocrates– il s’agissait en réalité de bureaucrates– intègre des membres des partis qui soutiennent le chef du gouvernement; et essentiellement des partis Ennahda et Qalb Tounes. Ce qui confirme, dans l’underground, le conflit politique entre le président de la République et le président du parlement, le leader d’Ennahda.
Hichem Méchichi est désormais le parechoc de l’alliance parlementaire (Ennahdha, Qalb Tounes, Itilaf al-Karama). De ce fait, l’actuel gouvernement gère les affaires courantes.
Les polémiques des politiciens
Ni les attentes de la révolution, ni les attentes nouvelles, liées à la pandémie n’ont été satisfaites. Ainsi, les Tunisiens se plaignent de l’absence d’une campagne de vaccination contre le coronavirus. Puisque, contrairement à l’Algérie, au Maroc ou à l’Egypte, qui ont débuté fin janvier leur campagne de vaccination, la Tunisie n’a toujours pas commencé la sienne. Ce qui atteste que la vaccination ne fait pas partie des priorités du gouvernement. Or, la vaccination aurait permis, outre la protection sanitaire qu’elle assure, le retour du tourisme, activité vitale en Tunisie.
La classe politique poursuit ses querelles
La réception de 1 000 doses de vaccin offertes par les Emirats fait polémique. Le gouvernement, qui dit ignorer l’initiative, a demandé « une enquête immédiate ». Le chef du gouvernement veut alimenter la campagne contre la présidence.
Autre sujet de querelles: les manifestations populaires de protestation, qui ont transgressé le protocole sanitaire; et le confinement mis à l’ordre du jour, par le comité scientifique.
Quant aux autres sujets de débats soi-disant politiques, ils se référent à des à cotés et occultent l’essentiel. « Tu causes, tu causes. Je ne suis plus leurs querelles sur les chaines de télévision », dit un observateur. Ce qui confirme le décalage entre la classe politique et l’opinion. « Notre rêve est devenu un cauchemar », me dit un jeune.
D’autre part, les réseaux sociaux se déchaînent contre des privilégiés, qui auraient été vaccinés. Mais comment faire la différence entre le bon grain et l’ivraie? La rumeur publique, dans ce cas, est mauvaise conseillère.