La rupture totale de communication entre les deux têtes de l’Exécutif et la crise politique qui se poursuit depuis six semaines ont sensiblement affecté le gouvernement et l’Etat en général. C’est ce qu’estiment des acteurs de la scène nationale.
Pour une sortie de crise, ils suggèrent, d’ailleurs, la démission du chef du gouvernement Hichem Mechichi. Une proposition qui n’a pas eu d’écho favorable auprès de certains autres. Ces derniers craignent une aggravation de la crise en cette conjoncture délicate.
Pour rappel, le président de la République Kaïs Saïed a refusé de recevoir le serment des ministres désignés dans le cadre d’un remaniement ministériel. Certains noms proposés sont suspectés de corruption et de conflit d’intérêts. Ainsi avait-il déclaré devant le Conseil de sécurité nationale.
Pourtant, les nouveaux membres ont obtenu la confiance du parlement au cours d’une plénière datant du 26 janvier 2021. L’agence TAP est allée mardi interroger des politiques sur la crise. Ainsi que sur les scénarios envisageables pour l’avenir.
Le député Hichem Ajbouni (Courant démocratique)
Une profonde crise de confiance s’est creusée entre le président de la République et le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Il est clair qu’aucun échange n’est désormais possible entre les deux parties.
Le président Saïed avait, depuis fin aout 2020 averti de son désaccord à l’idée d’un remaniement après l’installation du gouvernement. Entre temps, le président de Qalb Tounès Nabil Karoui déclarait ouvertement qu’un accord avait été trouvé pour opérer un remaniement touchant sept portefeuilles ministériels.
Les déclarations de Nabil Karoui sont venues dévoiler « un marché » passé entre « Qalb Tounès » et Ennahdha. A savoir deux partis alliés du gouvernement. Un fait qui n’a pas été démenti par Mechichi.
A noter que le secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du travail (UGTT) Noureddine Tabboubi avait affirmé la semaine dernière que la présidence de la République n’a pas accueilli favorablement l’initiative de la centrale syndicale relative au dialogue et posé la condition de la démission de Hichem Mechichi.
Ce dernier a affirmé samedi, dans une déclaration aux médias, qu’il ne compte pas démissionner et abandonner ses responsabilités. Il a jugé insensé le fait de poser son départ du gouvernement comme condition pour lancer le dialogue national sollicité par plus d’une partie.
Le député du mouvement Echaab, Salem Labiedh
De son côté, le député du mouvement Echaab, Salem Labiedh, a appelé au départ du gouvernement. Le gouvernement a échoué à bien gérer les dossiers sociaux et économiques, lance-t-il. Si le gouvernement actuel avait le sens de l’honneur, il aurait démissionné pour plusieurs raisons, ajoute-t-il encore. Pour ne citer que le dernier scandale des eaux polluées du barrage de Sidi Salem qui approvisionne le grand Tunis et certaines régions du Sahel en eau potable.
Pour Salem Labiedh, les partis politiques qui soutiennent le gouvernement sont les responsables directs de la crise politique entre les deux têtes de l’Exécutif.
D’après lui, le chef du gouvernement continue de s’attacher à son poste en exécution des instructions des partis le soutenant.
Le député d’Ennahdha, Noureddine Bhiri
Le gouvernement doit poursuivre son action pour la stabilité du pays. Surtout en cette conjoncture sanitaire délicate. Ceux qui appellent à la démission du gouvernement ne veulent pas du bien au pays. Ils appellent réellement au chaos et à l’instabilité.
Hsouna Nasfi (Machrou Tounes)
La démission du gouvernement n’est pas la solution à la crise que vit le pays. Le problème ne concerne pas des personnes en particulier, mais réside dans le système de gouvernance qui empêche quiconque de gouverner seul, ce qui fait durer la crise. Le président de la République est lui aussi responsable, en partie, de la crise. J’appelle toutes les parties à faire des concessions pour l’intérêt du pays. Car le pays passe par une situation économique difficile.
Avec TAP