Contrainte par la force publique à lever le sit-in de la colère, Abir Moussi perd une manche contre l’Organisation internationale des Frères musulmans, soutenue ouvertement par Ennahdha et son pare-choc de la Coalition d’Al Karama. Mais dorénavant, rien ne sera plus comme avant. Ce n’est qu’une question du temps.
Contre vents et marées, qu’il fasse chaud ou froid, elle campe obstinément devant le local de l’Union internationale des Oulémas musulmans; et ce, depuis le 16 novembre 2020. Objectif: revendiquer la suspension des activités de cette association de triste renommée. Abir Moussi, puisque c’est d’elle dont il s’agit, mène dans la rue une guerre sans merci contre l’islam politique et le terrorisme.
Une bête immonde
Que l’on aime Abir Moussi ou pas, que l’on soit pour ou contre ses orientations et positions politiques, cette avocate de son état a su forcer le respect des Tunisiens pour sa croisade héroïque contre cette organisation internationale des Frères musulmans. Une bête hybride et tentaculaire, responsable de l’embrigadement de nos jeunes. Tout en étant suspectée de recevoir des financements étrangers illégaux au profit d’associations islamistes douteuses.
En effet, rappelons que l’Union des Oulémas musulmans en Tunisie, est l’antenne de l’Union Internationale des Oulémas musulmans. Elle fut inaugurée en 2012 sous le règne de la Troïka par le sinistre Youssef Qaradhaoui en personne.
Certes, Abir Moussi vient de perdre à court terme une bataille, mais pas la guerre. Car l’intervention à l’aube de la force publique, sur ordre du gouverneur de Tunis, la contraignit à lever son sit-in. De même qu’à démanteler la tente qui abritait les dirigeants du parti destouriens ainsi que ses partisans.
Soutien inattendu
En revanche, elle s’est attirée la sympathie de l’opinion publique. Et surtout elle a gagné le soutien, très inattendu, du mouvement Achaab et probablement du Courant démocrate.
S’agit-il des prémices de la naissance d’une nouvelle famille politique? Laquelle sera soudée par une large coalition composée de partis représentés dans l’hémicycle et s’inspirant de la civilité de l’Etat; un principe gravé dans le préambule de la Constitution de 2014? L’avenir nous le dira.
Sinon comment expliquer, qu’à la surprise générale, Heykel Mekki , le dirigeant au sein du mouvement Achaab, exprimait, hier jeudi 11 mars 2021, son soutien à la présidente du Parti Destourien Libre, Abir Moussi dans son combat pour la dissolution de la filiale de l’Union internationale de Qardhaoui à Tunis.
« Cette organisation est à vocation terroriste et elle est soutenue par un terroriste », affirmait-il. Ajoutant que la dissolution de cet organisme est une « revendication légitime ».
Abir Moussi ne laisse pas insensible
D’autre part, le député d’Achaab a contesté l’intervention de la force publique pour la levée du sit-in observé par les dirigeants du PDL dans l’avenue Kheireddine. En déclarant: « Le chef du gouvernement Hichem Mechcihi aurait du déclarer la guerre au terrorisme au lieu de procéder à la levée d’un sit-in pacifique. »
Même son de cloche de sa rivale politique au Parlement, la députée du Courant Démocrate, Samia Abbou. Puisqu’elle dénonçait « l’usage excessif de la violence » contre les protestations pacifiques. Déclarant à l’occasion son « écœurement » de ce spectacle; et estimant que ce qui s’est passé hier était « condamnable sur tous les plans ».
Sachant que le chef du gouvernement Hichem Mechichi s’est empressé de se laver les mains de cette affaire. En assurant à qui veut bien l’entendre que la levée du sit-in des partisans du Parti destourien libre est une question « purement judiciaire. Puisque, seul le ministère public est habilité à organiser l’application de la loi en temps de couvre-feu et d’état d’urgence ».
Conviction ou calcul politique ?
Alors reste à savoir si le « soutien » affiché par certains ténors de l’opposition à la présidente du PDL est motivé par conviction ou par calcul politique.
Car étant la coqueluche des sondages qui la donnent gagnante lors des prochaines législatives, avec une confortable avance sur ses concurrents, notamment Ennahdha, Abir Moussi est désormais courtisée par une partie de la classe politique qui cherche à prendre le train en marche et ne veut surtout pas insulter l’avenir. Par opportunisme et petits calculs politiques?