Apparemment, la visite présidentielle « inopinée » à Gabès n’était pas fortuite. Par ce que le chef de l’Etat a profité de sa présence dans la zone sinistrée, la zone industrielle de la ville du Sud pour régler ses comptes avec ses adversaires politiques. Notamment son chef du gouvernement et Rached Ghannouchi.
Qui a-t-il d’anormal que le président de la République se rende à Gabès pour montrer sa compassion aux victimes de l’incident industriel ayant ravagé une usine sise dans la zone industrielle de Gabès ? Rien, sauf que cette visite « inopinée » était éminemment politique.
D’une pierre deux coups
D’une pierre deux coups
Le président faisait d’une pierre deux coups. D’une part, il pointe du doigt la maladresse de son chef du gouvernement Hichem Mechichi. Lequel, aux yeux du Président, s’est défilé en ne daignant pas faire le déplacement à Gabès. De même, en dépêchant un ministre de son gouvernement, Mohamed Bousaïd, chargé du Commerce, mais aussi de l’Industrie, de l’Energie et des Mines »pour examiner les circonstances de l’explosion ».
D’autre part, il chasse dans les terres de Rached Ghannouchi, en se permettant un bain de foule à El Hamma, fief et ville natale de son ennemi juré.
Pour rappel, six personnes sont décédées. Une a été blessée dans l’explosion samedi 13 mars d’une cuve de stockage d’asphalte dans une zone industrielle de Gabès, « dont les causes ne sont pas encore connues », selon le porte-parole de la protection civile.
Sauf que la visite présidentielle était loin d’être « inopinée ». En effet, le chef de l’Etat est arrivé sur les lieux à bord d’un avion-cargo de l’armée de l’air. Il n’a fait qu’une courte escale dans la zone sinistrée. Comme s’il avait la tête ailleurs.
Gabès « ville martyr »
D’ailleurs, une fois au siège du gouvernorat de Gabès, le Président déplore la situation catastrophique de Gabès « une ville martyr après l’assassinat de la nature ».
« La ville de Gabès possède la particularité d’être une oasis littorale, mêlant désert, mer et palmiers. Elle a tous les atouts pour être un pôle dans plusieurs domaines, le tourisme mais aussi l’agriculture parce qu’elle recèle une importante richesse naturelle, de l’eau notamment, et je parle en connaissance de cause ».
Mais, la ville est devenue la victime des industries. L’air est totalement pollué par les produits chimiques. Nombreux sont les enfants qui sont nés avec des malformations ». Ainsi constatait amèrement Kais Saied.
Discours obsessionnel
Mais comment bouder son plaisir de réitérer son discours obsessionnel en tirant à bout portant sur les « collabos, les vendus, les corrompus et les criquets pèlerins », sans jamais les citer comme à l’accoutumée ?
« Je m’engage, devant Dieu et devant le peuple, à lutter en usant de tous les moyens juridiques contre les corrompus qui sont à l’origine de la crise politique ! Nous devons tous faire face à ces criquets pèlerins. Je n’appartiens à aucun parti et j’ai l’intention de n’en créer aucun mais j’appartiens à la Tunisie et je fais des efforts pour surmonter les crises », affirmait le Président. Lequel rendait les « criquets pèlerins » responsables « de ce qui s’est passé à Gabès et dans plusieurs autres régions, à l’instar de l’émigration clandestine, le pillage des richesses et l’appauvrissement des citoyens ».
Communication boiteuse
Bien entendu, le président de la République ne pouvait pas non plus ne pas s’afficher entrain de prier dans une mosquée. Sans omettre toutefois de partager ces photos sur la page de la présidence de la République.
Le hic, c’est que ces photos montraient le président de la République faisant la prière d’El Dhohr, seul, une fois avec une bavette, une autre sans bavette. A se dire : quelle est l’utilité de porter cette bavette alors qu’il priait tout seul ? Mystère.
L’on résiste à l’envie de lui murmurer à l’oreille: changez votre conseiller de communication, il y a péril en la demeure M. le Président !