Tout porte à croire que l’arrestation de trois membres de l’équipage de Tunisair assurant le vol 931 Tunis – Marseille par la douane française pour « infraction douanière » est consécutive à un vaste réseau de trafic de cigarettes en contrebande. L’image du transporteur aérien national a été écornée par cette sale affaire.
Pas de chance. A peine nommé, il a quelques semaines, à la tête du transporteur aérien national, avec mission expresse d’aider ce grand oiseau boiteux à déployer ses grandes ailes; voila que le nouveau PDG de Tunisair se trouve confronté à un scandale retentissant.
En effet, trois membres de l’équipage assurant le vol 931 Tunis – Marseille ont été arrêtés le 21 mars en cours par la douane française, à l’aéroport de Marseille. Et, excusez du peu, la main dans le sac. En flagrant délit d’infraction douanière. On saura plus tard qu’il s’agit d’un crapuleux trafic de cigarettes en contrebande…
Le fâcheux précédent du Tanit
Une sale affaire qui rappelle la malheureuse affaire du navire Tanit appartenant à la Compagnie Tunisienne de Navigation. Lequel a été retenu de longues heures, le 4 avril 2017 au port de Marseille. Et ce, pour une semblable affaire de trafic de contrebande.
Pour rappel, une fouille minutieuse de la part des fins limiers de la douane marseillaise leur a permis de découvrir le pot aux roses. A savoir: 350 cartouches de cigarettes de type Marlboro, dissimulées dans des sacs poubelle cachés dans un conteneur à ordures. Lequel allait être déchargé à quai à Marseille. Pour être ensuite récupéré par d’autres membres d’une bande mafieuse internationale.
Explications embarrassées de Tunisair
Alors, Tunisair était soucieuse de prendre les devants; car des rumeurs persistantes évoquaient un trafic de drogue à bord de d’un de ses avions. Ainsi, la compagnie nationale annonçait, dimanche 21 mars 2021, l’interpellation de trois de ses stewards par les autorités françaises. Et ce, à l’aéroport de Marseille, pour une « infraction douanière ». Tout en annonçant la suspension de ces employés « à titre préventif » de leur travail. « Jusqu’à ce que les circonstances de l’incident soient révélées », poursuivait le transporteur national.
Par ailleurs, Tunisair devait affréter le soir même un autre avion pour transporter les voyageurs restés bloqués à Marseille.
Suite à cette affaire, on vient d’apprendre que deux membres de l’équipage ont été libérés par les autorités françaises. Toutefois, le troisième membre a été maintenu en garde à vue. Il s’agit d’une hôtesse, de surcroit récidiviste.
Un trafic juteux
Selon notre confrère français Le Courrier de l’Atlas, il s’avère que le personnel naviguant incriminé, deux hôtesses de l’air et un chef de cabine, aurait été arrêté à la suite d’une embuscade. Laquelle était tendue en réaction à de précédentes opérations de contrebande présumée de cigarettes via Tunisair.
Toujours selon la même source, dans les bagages transportés à l’intérieur de la soute de l’appareil, une fouille aurait permis de saisir près de 3000 cartouches de cigarettes de marque Marlboro, soit 30000 paquets de cigarettes.
Un trafic juteux, car on se rappelle que le prix d’un paquet de la même marque en Tunisie se négocie à environ deux euros. Alors que le prix en France avoisine les 10 euros. D’où l’appât du gain s’agissant de marges potentielles de l’ordre du simple au quintuple.
L’UGTT s’en lave les mains
D’autre part, interrogé sur l’arrestation des trois membres de l’équipage assurant le vol 931 Tunis – Marseille pour infraction douanière, le SG adjoint de la centrale ouvrière Sami Tahri a indiqué que « l’UGTT ne défend pas les personnes qui portent atteinte à l’image du pays ».
Pour lui, « cet incident a pris de l’ampleur dans un but ciblé de détruire le transporteur national ». D’où « la nécessité de lutter contre ces agissements. Et ce, à travers le renforcement du contrôle et la bonne gouvernance ».
Pour sa part, le chargé de communication à l’UGTT, Ghassen Ksibi, a reconnu que les trois membres du personnel navigant arrêtés par les autorités françaises à l’aéroport de Marseille sont « impliqués dans un réseau de trafic de cigarettes ». Avouant à l’occasion « avoir à maintes reprises demandé à la direction d’alterner les équipes à bord de certaines lignes, de sorte d’éviter en amont ce type de tentations ».
De plus, ajoute le responsable syndical, ce réseau est connu au sein de Tunisair et les syndicats avaient alerté la direction de la compagnie. « Les syndicats avaient informé de la présence d’un réseau qui se rend chaque dimanche à Paris. Un appel a été lancé depuis des mois pour les interdire de vol. Une cartouche de cigarettes a une valeur de 25 euros. Ils embarquent 60 cartouches environ à chaque vol. C’est de l’argent. Il est clair qu’il y a des complices, des laxistes et des profiteurs. Il faut frapper fort contre les corrompus », s’est-il écrié.
Inutile dans ce cas de figure de crier au loup quand il a été sciemment introduit dans la bergerie.