Parler encore de ce parlement, revient à s’agiter autour d’un cadavre pour donner l’impression qu’il est encore en vie. Transformer une institution souveraine en une machine déchaînée qui œuvre follement à donner le coup de grâce à ce pays. Voilà ce qu’a fait Rached Ghannouchi depuis son élection à la présidence du parlement.
Mais faisons d’abord un bond en arrière. Au début de la décennie 1990, Ghannouchi a tout fait pour pousser des centaines de jeunes préalablement fanatisés à une confrontation avec le régime en place. Alors que ces jeunes étaient jugés et lourdement condamnés pour actes terroristes sanglants, leur maître à penser a pris soin de s’assurer à lui-même et aux siens une place au soleil au Royaume Uni. Un pays « impie », mais fortement généreux et hautement accueillant pour les islamistes.
L’interview de deux heures avec le « cerveau » de l’attentat de Bab Souika, Karim Abdessalem, est très révélatrice à cet égard. Elle est disponible sur la page facebook de Shems FM et sur Youtube. La réaction de Ghannouchi aux accusations de Karim Abdessalem ? « Des tentatives désespérées pour porter atteinte à une grande organisation politique ».
On peut imaginer l’ampleur de la douleur et de la fureur que peut ressentir un homme ayant passé vingt ans de prison pour cause d’endoctrinement par celui qui, aujourd’hui, au lieu de s’excuser, l’accuse de « chercher désespérément à salir Ennahdha »…
Début 2011, Ghannouchi revient de son exil doré londonien. Il est accueilli par les fanatiques islamistes par « Talaâ’al badrou a’laina ». Il nous assure que la « révolution est sortie de l’aisselle de Qaradhaoui ». Depuis, on sait que ce qui est appelé « révolution » n’est pas sortie de l’aisselle puante du vieux théoricien du terrorisme islamiste, mais des cerveaux déréglés de Barack Obama et de Hillary Clinton.
Presidential Security Directive (PSD 11)
Pour ceux qui veulent en savoir plus, ils peuvent voir la vidéo de Clare Lopez, disponible sur internet. Clare Lopez, une ancienne responsable à la CIA et actuellement experte en politique stratégique en relation avec le Moyen-Orient.
Dans la vidéo susmentionnée, elle parle de PSD 11 (Presidential Security Directive 11) signée par Barack Obama en août 2010. Selon la PSD 11, « l’Amérique œuvrera au renversement des régimes en vigueur au Moyen-Orient et en Afrique du nord et les remplacera par des régimes islamistes. (…) L’idée centrale de PSD 11 est le renforcement des Frères musulmans et leur placement au pouvoir, spécialement en Afrique du nord. »
Pour Clare Lopez, les choses étaient claires : « Obama et sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton ont pris la décision de renverser les régimes d’Afrique du nord et de les remplacer par les Frères musulmans et les jihadistes ». La paire infernale Barack Obama-Hillary Clinton a heureusement échoué en Algérie et au Maroc. Mais, pour notre malheur et celui des Libyens, ils ont réussi à livrer dix ans durant la Libye aux jihadistes et la Tunisie aux islamistes.
Deux pays détruits, l’un par la guerre, l’autre par l’incompétence, la corruption et la voracité des Frères musulmans. Deux pays détruits parce qu’une idée démoniaque est née dans l’esprit de deux dirigeants d’une grande puissance qui se sont arrogé le droit de renverser des régimes et de condamner des millions à vivre les affres de la guerre et de l’anarchie.
Un corps vidé de sa substance et de son énergie
Dix ans après l’exécution de la PSD 11 obamo-clintonienne, la Tunisie ressemble à un corps vidé de sa substance et de son énergie. Son peuple est désorienté, car dirigé par une classe politique incompétente, inconsciente des dangers qui nous guettent et dont l’activité se résume en un seul verbe : s’entre-déchirer.
Le parlement, grâce à son président, est devenu aujourd’hui le réceptacle des haines, des rancœurs, des hostilités, des inimitiés, des malveillances et des ressentiments semés dans le pays durant la décennie noire par l’islam politique et par son théoricien en chef Rached Ghannouchi.
La violence à laquelle il a incité ouvertement ses partisans dans sa jeunesse est la même à laquelle il incite aujourd’hui implicitement dans sa vieillesse ses « pare-chocs » au parlement. Une violence de même nature, orientée hier contre les régimes anti-islamistes de Bourguiba et de Ben Ali, et orientée aujourd’hui contre les partis anti-islamistes, en particulier le PDL et sa dirigeante Abir Moussi.
Non content de la violence dans les seules limites du parlement, le chef nahdhaoui menace de l’élargir à la rue. Vise-t-il autre chose quand il profère ses menaces : « la crise actuelle se résoudra soit par le dialogue, soit par la force brutale (Al Qoua al ghachima) ».
Tout porte à croire que le degré de violence qui sévit aujourd’hui au parlement et qui menace de déborder dans la rue est proportionnel au degré de panique qui étreint le chef d’Ennahdha, ses partisans et son parti. Et ils ont absolument raison de paniquer.
Ils ont pris les rênes d’un pays viable avec une économie solide et l’ont transformé en dix ans en un pays en faillite avec une économie à genoux.
Peur panique et appels de détresse de Ghannouchi
Ils ont fanfaronné pendant des années, bénéficiant des soutiens financiers et politiques turco-qataris et de la proximité d’une Libye anarchique, certes, mais avec sa large partie ouest sous le joug islamiste.
Aujourd’hui, les islamistes tunisiens sont au pied du mur sur la scène nationale et isolés sur la scène internationale.
Sur le plan national, l’écrasante majorité des Tunisiens les prend pour responsables de tous leurs malheurs.
Sur le plan international, les alliés qataris ont d’autres priorités beaucoup plus importantes avec l’Arabie saoudite, les Emirats et l’Egypte qui leur font oublier leurs alliés islamistes dans une Tunisie en faillite.
Idem pour la Turquie d’Erdogan, plus intéressée désormais par l’amitié des Al Saoud et de Abdelfattah Sissi qu’avec celle de Rached Ghannouchi. Plus inquiétant encore pour celui-ci est l’ordre donné par Erdogan aux chaines des islamistes égyptiens installées à Istanbul, de mettre fin à toute critique de l’Egypte et de son président. Message qui ne peut pas ne pas donner de grosses insomnies à Rached Ghannouchi, Noureddine B’hiri et autres Abdelkrim Harouni.
Dans leur peur panique, ils se retournent vers le pays d’où est parti le PSD 11 qui leur a ouvert les portes du pouvoir. Les articles-publireportages parus récemment dans USA-Today et dans le Washington Post s’apparentent à des appels de secours au nouveau président américain. Des appels de détresse révélateurs de l’état de panique des dirigeants d’Ennahdha face à la perspective cauchemardesque de perdre le pouvoir et de devoir rendre des comptes.
Cela dit, et même s’ils multiplient sans relâche les appels du pied au nouveau président américain, les chances de voir Joseph Biden signer un « PSD 12 » autorisant les islamistes tunisiens à se maintenir au pouvoir sont très minces pour ne pas dire nulles.
Reste l’appel auquel souscrivent sans aucun doute des millions de Tunisiens : arrêtez-le, il a déjà fait trop de malheurs.