Si les Tunisiens s’attendent à une inévitable valse de prix notamment les premiers jours de Ramadan, nos voisins algériens redoutent la pénurie de produits alimentaires de base; et notamment de l’huile de table. De même, ils s’inquiètent de la pénurie d’eau, laquelle serait probablement rationnée durant la période estivale. A moins d’une miraculeuse évolution favorable de la situation de remplissage des barrages en Algérie.
En Tunisie comme en Algérie, le mois sacré qui frappe à nos portes est synonyme de frénésie de la consommation et de toutes les envies du ventre. Toutefois, en raison des perturbations météorologiques et à l’inter-saisonnalité, on s’attend à une hausse substantielle des prix des légumes et des fruits; notamment les premiers jours de Ramadan. D’autant plus qu’on aura recours aux primeurs et à la production sous serre.
Drôle de pénurie en Algérie
Mais nous ne sommes pas les seuls à redouter un mois « chaud » sur le plan social. Nos voisins algériens ne sont pas en reste puisqu’ils sont confrontés, à quelques semaines du début de ramadan, à un drôle de problème « existentiel » au vrai sens du terme. Une pénurie d’un produit essentiel, l’huile de table, un ingrédient indispensable à la cuisine et qui est quasi introuvable dans les rayons des supermarchés.
La preuve. En reportage dans une supérette située à une cinquantaine de kilomètres d’Alger, un journaliste de notre confrère arabophone El Watan constate qu’« il y avait à peine quelques bouteilles d’un ou deux litres exposées à la vente. Les autres gammes du produit, notamment les bidons de cinq litres, sont introuvables. Les forces de l’ordre ont même dû intervenir pour apaiser les tensions de toute une file d’attente chaotique ».
Or, l’Algérie dispose même d’importantes réserves, de l’ordre de trois mois de production et de consommation. Alors d’où vient le problème?
Toujours selon la même source généralement bien informée, il s’agit d’un important désaccord entre producteurs et commerçants.
A l’origine, le coût de production de l’huile lequel a récemment connu une augmentation drastique. Elle s’est répercutée automatiquement sur le prix d’achat par les distributeurs. Or, ces derniers ne sont pas en mesure d’augmenter à leur tour le prix de vente aux consommateurs. Car, sous la pression de la rue, celui-ci a été plafonné par le gouvernement algérien en 2011. Résultat: les commerçants n’achètent plus de l’huile.
Stress hydrique
Et ce n’est pas tout. Car, à la pénurie de cet ingrédient essentiel à la cuisine et à la flambée attendue et redoutée des produits alimentaires de base, s’ajoute un manque d’eau préoccupant.
En effet, la sécheresse et les faibles investissements dans la production et l’entretien des unités de dessalement d’eau de mer se sont traduits par des déficits de production d’eau. Ainsi, après deux années de faible pluviométrie, le taux moyen de remplissage des barrages qui fournissent 40% de l’eau potable en Algérie est très bas cette année. Puisqu’il se situe actuellement autour de 44%.
A savoir que l’Algérie n’a pas beaucoup investi dans les barrages pour retenir les eaux des pluies. Mais elle a privilégié les investissements onéreux des unités de dessalement de l’eau de mer. Lesquels nécessitent des investissements constants en entretien.
Alors, les responsables vont-ils opter pour la terrible solution de rationalisation de l’eau?
Le spectre des « émeutes de l’eau »
Pour faire face à ce stress hydrique, le directeur général de l’Algérienne des Eaux n’écarterait pas l’hypothèse d’un rationnement d’un jour sur deux, après le Ramadan, durant la période estivale. Et ce, si d’ici là, la situation de remplissage des barrages n’évoluait pas favorablement.
Une redoutable éventualité. D’autant plus que les « émeutes de l’eau » en 2019 à Constantine sont présentes dans tous les esprits.