Le prince Hamza est accusé d’être impliqué dans un complot contre son demi-frère le roi Abdallah II et placé en résidence surveillée dans son palais à Amman. D’ordinaire ce genre de différend se règle discrètement en famille, mais le fait de le divulguer laisse penser « qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark ».
Il est difficile de tirer au clair ce qui se passe ces derniers jours au royaume de Jordanie. Une monarchie constitutionnelle d’apparence paisible, où l’ordre de succession au trône semble réglé comme du papier à musique.
Informations contradictoires en provenance de Jordanie
Mais les apparences sont trompeuses. Car, accusé au cours du weekend dernier d’être impliqué dans un complot contre son demi-frère le roi Abdallah II et assigné à résidence dans son palais à Amman, le prince Hamza de Jordanie a promis de « rester fidèle à l’héritage de ses ancêtres, à Sa Majesté ainsi qu’à son prince héritier ». Selon une lettre qui aurait été écrite de sa propre main dans la soirée du lundi 5 avril et publiée via un communiqué émanant du Palais royal. Une lettre écrite sous la contrainte?
Pourtant, dans la nuit de dimanche à lundi, le prince déchu a affirmé via un enregistrement audio- qu’il a fait circuler auprès de ses amis et contacts- qu’il désobéirait aux ordres de l’armée jordanienne lui enjoignant de ne pas communiquer avec le monde extérieur; et ce, après avoir été placé en résidence surveillée.
Graves accusations
A savoir que les autorités ont accusé dimanche le prince Hamza « d’avoir été en contact avec des complices à l’étranger; en vue d’un complot visant à déstabiliser la Jordanie ». Un important allié des États-Unis et des monarchies du Golfe. Alors avec quelles puissances étrangères aurait-il collaboré? L’agence de presse officielle Petra a passé cette information cruciale sous silence.
Combines royales
Rappelons que le prince Hamza bin Hussein, 41 ans, est le dernier fils du roi Hussein, né d’un quatrième mariage avec la reine Noor, d’origine américaine.
Etant le demi-frère du roi actuel de Jordanie et conformément aux dernières volontés de son père le roi Hussein Bin Talal décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah était devenu roi.
Or, coup de théâtre, en 2004, le souverain lui retire ce titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein.
Une décision lourde de conséquences qui aurait incité le prince Hamza, très apprécié par ses compatriotes, à tisser des liens étroits avec les chefs des tribus bédouines dont la fidélité est essentielle au pouvoir.
Pour rappel, pendant le Septembre noir en 1970 opposant la Jordanie à l’Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat, le roi Hussein de Jordanie avaient eu recours à ces tribus pour mater les tentatives palestiniennes de renverser la monarchie hachémite.
Difficultés économiques
S’agit-il vraiment d’un complot, le premier du genre depuis la création du royaume qui fête son premier centenaire la semaine prochaine? Et peut-on s’attendre à un soulèvement en faveur du prince Hamza?
Difficile de répondre. Mais ce qui est certain c’est que ce pays de 10 millions d’habitants connaît d’importantes difficultés économiques. En effet, le chômage est aujourd’hui est à 23%. Tandis que la dette publique dépasse 100% du produit intérieur brut (PIB).
De plus, dépourvue de ressources naturelles, la Jordanie dépend en grande partie de l’aide étrangère; notamment celle des États-Unis, dont la Jordanie est un partenaire clé au Moyen-Orient. Et ce, d’autant plus qu’Amman prend en charge 2,2 millions de Palestiniens et 1,3 million de réfugiés syriens.
Soutien international à la Jordanie
De toute manière, le pouvoir actuel peut compter sur les monarchies du Golfe qui font bloc derrière le souverain jordanien. Le roi Salmane d’Arabie saoudite et son prince héritier ont appelé le roi jordanien pour l’assurer de leur solidarité. Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, a également appelé le roi et l’a assuré de « son plein soutien ». Les Etats-Unis ont eux aussi exprimé leur « soutien entier » envers le roi Abdallah II, considéré comme l’un de ses « partenaires clé ». Idem pour la Tunisie qui exprimait sa solidarité totale.
Même Israël, qui veut tout faire pour préserver l’alliance avec la Jordanie, promet un soutien économique pour le pays durement heurté par la crise du Covid-19. Mais tout en se gardant de commenter l’affaire du complot en cours. « Concernant les événements là-bas, il s’agit d’affaires internes, et je propose de ne pas nous en mêler ». Ainsi arguait le ministre israélien de la Défense, Benny Ganz.