En annonçant hier jeudi que des mesures au profit de certaines catégories sociales seront annoncées et appliquées au début du mois de Ramadan ; et ce pour atténuer l’impact du couvre-feu notamment sur les cafetiers et les travailleurs de nuit, le gouvernement Mechichi cherche à désamorcer la bombe d’une éventuelle désobéissance civile.
Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, un haut fonctionnaire venu à la politique sur le tard, devrait longuement méditer la fameuse citation d’Adolphe Thiers « gouverner, c’est prévoir ».
En effet, en prenant des mesures fort louables destinées à endiguer la hausse vertigineuse des cas de coronavirus dans le pays, notamment la mise en vigueur du couvre-feu juste après la rupture du jeûne, le gouvernement était-il conscient de l’impact de cette mesure, en plein mois de ramadan, sur certaines catégories sociales? A l’instar des propriétaires des cafés, des restaurants, des travailleurs journaliers et ceux de la nuit en particulier.
« Une condamnation à mort »
Colère et incompréhension. Car en ce mois saint, les cafetiers ne pourront pas ouvrir après 19h, couvre-feu oblige, et pendant la journée, ils seront obligés de baisser le rideau. Alors que faire sans moyens de substance au long d’un mois réputé pour ses dépenses ?
« C’est une véritable condamnation à mort. Le gouvernement, en prenant de telles décisions, ne prend pas en compte la situation économique et sociale d’un secteur qui nourrit 250 000 familles », s’est écrié le président de la Chambre nationale des propriétaires des cafés. En ajoutant que 2000 établissements ont dû fermer leurs portes à cause d’une faillite. « 80% des cafés et des restaurants sont au bord de la faillite », a-t-il déclaré hier jeudi sur les ondes de Mosaïque FM.
Dans cet ordre d’idée, il a même appelé le chef du gouvernement à accorder des autorisations exceptionnelles pour ceux qui désirent ouvrir leur commerce pendant la journée durant le mois de Ramadan « Autant travailler la journée puisque le soir, nous allons fermer », a-t-il insisté.
Bonjour les problèmes !
L’UTICA monte au créneau
A noter à ce propos la vive réaction de l’UTICA, laquelle estime que le couvre-feu annoncé « aura des répercussions tragiques sur de nombreux secteurs, notamment sur les propriétaires de cafés et de restaurants et les employés qui y travaillent, qui seront privés de toute activité après plus d’un an d’arrêt complet de travail ».
« Face à cette situation tragique et au danger qui menace des milliers d’emplois et de moyens de subsistance, l’Utica lance un appel urgent au gouvernement pour soutenir ces secteurs en approuvant un programme d’aide et de compensation. Mais aussi exempter les propriétaires de cafés et de restaurants de toutes les charges sociales et financières et de s’acquitter des impôts jusqu’à ce qu’ils surmontent cette épreuve ». Lit-on dans un communiqué émanant de la centrale patronale jeudi 8 avril 2021.
Menaces de désobéissance civile
Plus grave : la chambre syndicale régionale des cafés-restaurateurs à Sousse a rendu public un communiqué, jeudi 8 avril 2021, pour exprimer leur rejet du couvre-feu décrété par le ministre de la Santé.
Rappelant que les propriétaires n’ont bénéficié d’aucune mesure d’accompagnement de la part du gouvernement, mettant ainsi une grande partie des cafés et des restaurants au bord de la faillite, la chambre syndicale menace de recourir à la « désobéissance civile si ces mesures étaient maintenues ».
Manque d’anticipation
Face à ce tollé de critiques et d’indignations largement partagées sur les réseaux sociaux, Hichem Mechichi a indiqué hier jeudi que le gouvernement est conscient de l’impact des mesures annoncées la veille et qui ont touché certaines catégories sociales. Annonçant à l’occasion que des mesures au profit de ces catégories seront annoncées et appliquées au début du mois de Ramadan.
Mais pourquoi ne pas avoir annoncé ces mesures tant attendues au moment même où le couvre-feu fut décrété afin d’atténuer son impact ? Fallait-il qu’il ait péril en la demeure pour réagir ?
M.Mechichi donne l’impression de jouer au pompier une fois l’incendie déclenché. Et c’est préjudiciable pour son image.