La croissance du PIB réel au Moyen-Orient et en Afrique du Nord devrait se redresser globalement à 4 % en 2021, selon le rapport du FMI sur « Les Perspectives économiques régionales pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale », publié dimanche.
Pour 2021, le rapport souligne que « les perspectives varieront considérablement selon les pays, en fonction de la course de vitesse entre les vaccins et le virus, mais aussi des fragilités et des ripostes respectives. 2021 sera l’année des politiques mises en œuvre par les autorités pour continuer de sauver des vies et des moyens d’existence et de promouvoir la reprise, tout en préservant impérativement la viabilité de la pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale
« Les dirigeants ne doivent pas perdre de vue les défis de la transformation : il s’agit de mieux construire l’avenir et accélérer la transition vers des économies plus inclusives, résilientes et vertes ».
« Premièrement, les vaccins contre la COVID 19, permettent d’espérer que la crise touche peut-être à sa fin. Il faut toutefois, s’attendre à une reprise lente et inégale en raison du déploiement très disparate de la vaccination. Les vaccinateurs précoces (pays du CCG, par exemple) ont vu leurs perspectives de croissance pour 2021, améliorées par rapport aux projections d’octobre, avec un PIB qui devrait retrouver son niveau de 2019 en 2022.
D’autres pays risquent d’être à la traîne : dotés de systèmes de santé peu performants, ils ne pourront sans doute pas généraliser la vaccination avant 2022 ou 2023.
Deuxièmement, les pays fragiles ou en proie à des conflits, en particulier les pays à faible revenu, devront encore relever de formidables défis et, jusqu’en 2022, l’activité économique devrait rester inférieure en moyenne de 4 %, aux niveaux déjà anémiques d’avant la crise.
Les économies très dépendantes des secteurs où les contacts humains sont nombreux, en particulier du tourisme (Géorgie et Jordanie par exemple), se redresseront plus lentement que les autres, avec des niveaux d’activité économique qui remonteront aux niveaux prépandémiques en 2022–23.
Troisièmement, les pays ayant opté pour des mesures substantielles de soutien budgétaire l’an dernier (Ouzbékistan et Tadjikistan, par exemple) ont enregistré une contraction moins importante et devraient donc se redresser plus vite que les autres (et revenir aux niveaux prépandémiques en 2021).
Néanmoins, nombre de pays ne disposeront pas d’une marge de manœuvre suffisante et il est donc peu probable que de nouvelles mesures de relance budgétaire constituent le principal moteur de leur croissance.
Quatrièmement, le renchérissement du pétrole soutient les soldes budgétaire et extérieur des pays exportateurs de pétrole et devrait favoriser la reprise hors secteur pétrolier, même si les réductions de production décidées par les pays de l’OPEP+ limitent les effets sur la croissance globale.
La crise a accentué les vulnérabilités existantes
Ainsi, la crise a accentué les vulnérabilités existantes dans la région et montré encore plus clairement l’ampleur du travail à fournir pour réduire la pauvreté et offrir les mêmes chances à tous, en particulier aux femmes et aux jeunes.
D’après le rapport, avec la pandémie, les besoins de financements publics pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, ont fortement augmenté pour la période 2021–2022 et avoisinent 1 100 milliards de dollars, contre 784 milliards pour 2018–19, avec des banques locales déjà très exposées au secteur public dans plusieurs pays émergents de la région.
Le phénomène pourrait s’accentuer si les conditions de financement se durcissent ou si une reprise moins vigoureuse que prévu retarde les ajustements budgétaires prévus en 2021. L’augmentation des besoins de financements intérieurs risque d’évincer davantage le crédit au secteur privé, au détriment des perspectives de reprise et de la stabilité financière, a averti l’institution financière internationale.
Les pays émergents de la région sont à la merci d’une remontée rapide des rendements obligataires américains, qui pourrait conduire à un resserrement des conditions financières, de nouvelles sorties de capitaux et une augmentation des écarts de rendement sur les obligations souveraines…Certains pays sont plus exposés que d’autres en raison du niveau élevé de leurs ratios de dette extérieure et publique et de leurs besoins de financements, même s’ils peuvent s’appuyer sur des volants de réserves confortables.
Un abandon prématuré et rapide des mesures de soutien pourrait encore pénaliser le secteur privé et provoquer des faillites, une hausse du chômage et une multiplication des prêts improductifs, ce qui réduirait encore les liquidités mobilisables pour soutenir la reprise et constituerait une menace pour la stabilité financière.
Dans ce contexte, les perspectives restent très incertaines et les défis immédiats sont colossaux, en particulier dans les pays très endettés, car il faut concilier diverses nécessités : sauver des vies et des moyens d’existence, favoriser la reprise et préserver la viabilité de la dette, a expliqué le rapport.
Principales recommandations issues du rapport du FMI
L’année 2021 est l’année des mesures gouvernementales destinées à accélérer la reprise et mieux construire l’avenir pour aller vers des économies plus inclusives, plus résilientes et plus vertes.
Il s’agit également d’accélérer la distribution du vaccin et veiller à ce que les systèmes de santé aient des moyens suffisants, reste la priorité la plus urgente au plan régional. De plus, les pays à faible revenu ne doivent pas être laissés de côté et la coopération régionale et internationale devrait être renforcée en soutenant le financement du mécanisme COVAX et en partageant les doses de vaccins excédentaires.
En outre, les dispositifs de soutien budgétaire devraient rester flexibles et être bien ciblés et maintenus jusqu’à ce que la reprise soit bien installée. Dans les pays sans marge de manœuvre budgétaire, ils devraient être calibrés de manière à préserver la viabilité de la dette. Les mesures d’ajustement budgétaire devraient s’ancrer dans un cadre budgétaire à moyen terme crédible pour réduire les niveaux d’endettement élevés tout en soutenant le plus possible la croissance.
Le rapport préconise aussi que les risques de financement doivent être atténués pour assurer la stabilité financière et l’essor du crédit dans une économie convalescente. En plus de mesures budgétaires prudentes, il faut renforcer les stratégies de gestion de la dette à moyen terme, tout en favorisant le développement des marchés de capitaux nationaux pour diversifier la base d’investisseurs et garantir une demande stable de titres publics.
Dans tous les pays, les aides proposées devraient cibler les entreprises viables, en particulier quand elles risquent d’être tenues à l’écart des marchés du crédit. De plus, les politiques relatives au marché du travail devraient viser à préparer les travailleurs, surtout les jeunes, au monde d’après la pandémie, y compris en s’appuyant sur la formation professionnelle et les incitations à l’embauche.
La région doit accélérer la transformation et s’attaquer résolument aux défis de longue date qui la freinent afin de mieux construire l’avenir. Les pays devraient se servir des leviers numérique et technologique pour préparer leurs économies au monde de demain, tout en renforçant leurs systèmes de protection sociale pour amortir les chocs futurs et reconstruire les réseaux de l’inclusion. La gouvernance devrait être améliorée et de nouvelles mesures sont nécessaires pour s’adapter et investir dans des infrastructures capables de relever le défi climatique.
Le FMI a rappelé avoir appuyé la région « avec des financements dont le montant a dépassé 17 milliards de dollars l’an dernier et qu’il restera un partenaire solide, et continuera de proposer plus de financements, une assistance technique, des activités de développement des capacités et des conseils de politique économique ».
Avec TAP